Skip to content

Une noce sans époux

J’allais oublier de vous parler de cette histoire incroyable vécue dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, un quartier ouvrier, voilà une semaine. Moi-même, je n’avais jamais eu vent d’une pareille affaire.

Le correspondant du journal La Presse à Québec nous la raconte le 27 août 1901. Imaginez.

Le Révérend Père Tourangeau, curé de la paroisse St-Sauveur, de Québec, et M. l’abbé [Herménégilde] Bouffard, curé de St-Malo, de Québec, sont en train de réformer leurs paroissiens. Leur tâche est de plus délicates, si l’on en juge par l’incident qui s’est produit hier soir. Pour bien comprendre l’affaire, il est nécessaire de remonter jusqu’à dimanche dernier, alors que furent publiés pour la dernière fois les bans de Georges Hervieux, ouvrier en chaussures, et d’une demoiselle Poitras, du même quartier. Le curé de St-Sauveur ayant appris que c’était l’intention des jeunes gens de faire une grande noce dans une salle louée pour cette fin, il dénonça le projet du haut de la chaire et enjoignit aux fidèles de ne pas y aller.

De plus, hier matin, le mariage ne fut célébré qu’après que les jeunes époux eurent pris l’engagement de ne pas donner suite à leur projet. D’un autre côté, quelques membres de la famille Hervieux et plusieurs invités furent très vexés de cette action des Pères Oblats, et ils résolurent de faire la noce sans les nouveaux mariés.

Hier soir, environ cent personnes, jeunes gens et vieillards, belles et laides, étaient dans la salle de bal dansant au son d’une mauvaise musique.

Dimanche, les Pères Oblats annoncèrent du haut de la chaire, que si les intéressés persistaient à faire cette noce, le tocsin de l’église paroissiale serait mis en branle pour exhorter les fidèles de prier pour les désobéissants. C’est ce qui arriva. Hier soir, vers 8.30 heures, un message téléphonique informait le curé de St-Sauveur que le bal était commencé, et de suite le tocsin appela les fidèles à la prière. C’était à la fois triste et solennel d’entendre ainsi le beffroi dans la nuit. Toute la population savait de quoi il s’agissait et maints chapelets furent récités pieusement, au foyer de centaines de familles ouvrières, tandis qu’on entendait dans le lointain les échos de la musique du bal.

Je me rendis à la salle de danse où je constatai qu’à part un certain froid et manque d’entrain qui régnait, tout se passait d’une façon absolument correcte. La danse fut close à minuit et les invités reprirent tranquillement le chemin du logis.

Que vous dire de plus ?

 

3 commentaires Publier un commentaire
  1. Eli #

    J’adore les contes et les légende. J’ai un frisson ! Merci conteur historien.

    6 septembre 2011
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère Éli.

    6 septembre 2011

Trackbacks & Pingbacks

  1. Les salles de danse sont des lieux de perdition pour la jeunesse | Les Quatre Saisons

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS