La chorale des hémérocalles
Si vous avez ce type de fleur chez vous, c’est sûrement la fête en ce moment. Quand j’ai acheté ma demeure, voilà bien 35 ans, j’aperçois dès le premier été, soudainement devant la galerie avant, ces fleurs orangées, mises là en terre par la vieille dame qui habitait les lieux auparavant. La plantation ne s’avançait qu’à une trentaine de centimètres devant la maison. Aujourd’hui, sans aucune forme d’entretien, sinon d’enlever parfois les tiges de Verge d’or (Solidago canadensis, Canada Goldenrod) et les framboisiers qui aimeraient bien y trouver place, elle fait plus d’un mètre.
Et ces hémérocalles sont riches, sans doute nourries par les graines de tournesol tombées au sol, venues des mangeoires au-dessus. Dès la mi-avril, alors que les Juncos ardoisés (Junco hyemalis, Dark-eyed Junco) viennent y picorer, que la neige recouvre encore les champs, que les nuits sont toujours bien froides, voilà que les jeunes pousses se montrent.
En fleur chez moi maintenant, j’aurai cette scène devant les yeux pendant cinq à six semaines. Je ne serai pas le seul à en profiter, les Colibris à gorge rubis (Archilocus colubris, Ruby-throated Hummingbird) y viendront également. La fleur ne dure qu’une journée, c’est la raison pour laquelle on l’appelle aussi belle-d’un-jour ou lys-d’un-jour. Le frère Marie-Victorin, dans sa Flore laurentienne, écrit : Chaque fleur s’épanouit vers neuf heures du matin et se ferme après le coucher du soleil. Le lendemain matin, la corolle fermée et fanée entre déjà en décomposition, et le deuxième jour, elle tombe.
La floraison passée, je laisse les hampes séchées sur place, car le Bruant chanteur aime beaucoup alors les fréquenter.
C’est l’abondance de fleurs produites par la plante qui la rend spectaculaire aussi longtemps. Importée d’Europe mais on ne sait quand, cette vivace aime vivre aussi échappée de culture. Chemin faisant dans les campagnes, on l’aperçoit à l’occasion le long des chemins et des rivières.
Il s’agit ici de l’Hémérocalle fauve (Hemerocallis fulva, Day Lily).
Une amie, Lorraine, fine cordon bleu, m’écrit que les hémérocalles sont comestibles. « On retire le pistil et on les mange avec une farce de crème fouettée ou de crème glacée. »