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La royauté du temps

Sur terre, pendant des milliers d’années, nous avons voyagé à pied ou dans des voitures tirées par des bêtes domestiquées. Vraiment, patience et longueur de temps faisaient plus que force ni que rage. Sur mer, nous utilisions l’énergie du vent mariée à la voile.

Et puis vient la vapeur. Nous avions déjà observé, depuis des temps bien anciens, que l’eau, chauffée dans un récipient fermé, se transformait en vapeur et pouvait laisser échapper par un orifice étroit un jet poussé à une grande vitesse. Au début du 17e siècle, au moment de la fondation de la ville de Québec, des scientifiques européens commencent à travailler à la domestication de la vapeur. Et on en mettra du temps, imaginant des applications, comme la cocotte-minute. Finalement, en 1787, l’ingénieur écossais William Symington (1764-1831) invente un véritable bateau à vapeur.

Au Québec, dès 1809, l’homme d’affaires John Molson lance à Montréal le premier navire à vapeur, L’Accommodation. Celui-ci met 36 heures à parcourir la distance de Montréal à Québec, à une vitesse de 8 km à l’heure. Bien sûr, les armateurs ne se montrent pas impressionnés par une telle performance et continueront de miser pour un temps sur le voilier. Tout de même, dès son lancement, perspicace, le Daily Mercury de Québec arrive à imaginer l’avenir. Le grand avantage du bateau ainsi construit, écrit-il, est que l’on peut calculer avec certitude le temps du passage et l’heure de l’arrivée, ce qui est impossible à faire avec un bateau à voiles. Les débuts de nos premiers chemins de fer, durant les années 1830, sont aussi laborieux. Mais, bientôt, à partir des années 1850, la technique mieux maîtrisée, le train comme le navire commencent à connaître leur plein essor.

La vapeur aura imposé le respect fidèle de l’horaire, la royauté du temps, sorte de bourreau implacable. Et il faut désormais, bien sûr, porter sur soi une montre de poche, fantaisie de luxe auparavant… si on ne veut pas manquer le train, ou le bateau.

 

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