Mais où est donc passé cet entoucas?
Le dimanche, 10 avril, nous voici réunis pour une autre rencontre sur la vie en ville en 1900. Celle-ci se tient à la bibliothèque du Vieux-Québec. Je tourne les pages d’un album, proposant de courts extraits de journaux, nous donnant à apercevoir des moments de vie. Nous sommes une soixantaine.
Bientôt, j’échappe, sans commentaire aucun, ces quelques mots du Quotidien de Lévis, du 26 juin 1895: Un entoucas a été perdu depuis la rue Eden jusqu’à la barrière Saint-Joseph, en passant par le cimetière. La personne qui le trouvera voudra bien le remettre à ce bureau.
Silence dans la salle. Les gens se regardent, perplexes. Qui donc parlera ? Une dame, le long du mur, ose demander Mais qu’est-ce qu’un entoucas ? Et, immédiatement, de l’autre côté de la salle, foudroyante, tel la mangouste des Sumériens dans cette histoire du chat, une bien vieille dame «tricotée au crochet» répond sèchement Un parapluie, voyons !
Je suis stupéfait. C’est merveilleux, que je lui dis. J’aime tant savoir que quelqu’un comme vous connaît l’entoucas. Ce mot est perdu de nous tous, madame. Personne ne nous l’a confié pour que nous le portions à notre tour. Même l’Office québécois de la langue française n’en sait rien. Merci, chère madame.
En 1900, en France, l’entoucas désigne une ombrelle. Protection contre les ardeurs du soleil, traversant l’océan, il est devenu parapluie au Québec, pays où il pleut en moyenne six jours sur dix.
Source de la photographie: Ville de Lévis. Cette photo fut prise le 21 mars 2011 lors d’une première de quatre rencontres sur les saisons à Lévis en 1900.
Monsieur Provencher, vous n’êtes pas sérieux ? Pas six jours sur dix ? J’aurais préféré ne pas le savoir. Avez-vous remarqué quelque chose dans vos recherches au sujet des effets de la météo sur l’humeur des citadins en 1900 ?
Comme ça ? À brûle-pourpoint ? Oups ! Il me faudra vous revenir, chère lectrice.
Je n’ai finalement rien trouvé, chère lectrice, au sujet de l’effet de la météo sur l’humeur des citadins en 1900. Tout ce qui m’apparaît, c’est le passage suivant, qui me vient du Quotidien de Lévis, le 19 avril 1895. Il va comme cela: On a remis les bancs hier sur la Terrasse, le Jardin du gouverneur, l’Esplanade et les différentes places publiques à Québec. À Lévis, on travaille activement à débarrasser les trottoirs remplis de neige et de boue. Les piétons commencent à être de bonne humeur. Bref, on se réjouit de l’arrivée du printemps.