Clodomir
On me dit «Tu parles du chat. Parleras-tu aussi du chien?» Je connais vraiment moins le chien. Autant laisser la place à l’ami Gérald, Gérald Godin (1938-1994), poète, journaliste, homme politique, qui aimait m’appeler simplement Ti-Jean. Gérald fait partie des miens. Dans sa série de cantos, le dernier, le dixième, s’adresse à Clodomir.
Clodomir Clodomir
mon chien sale
les puces que tu me passes
par centaine
as-tu au moins gardé la tienne
Clodomir Clodomir
bien entendu ton père et ta mère
sont morts gazés
jappe-moi un air triste
Clodomir Clodomir
j’ai bien reçu ta carte de Noël
en retard comme toujours
t’as pas changé
mon Sisyphe
mords-tu toujours ta chaîne?
Ton coussin t’attend
derrière le poêle à bois
j’ai laissé tes sillons
dans le bas de la porte
rien que de les voir
qui suivent les veines du bois
je m’ennuie de toi
mon Clodomir
embrasse bien ma mère pour moi
Mon vieux chien
garde bien comme une dernière
lettre d’amour
mon odeur dans ton museau
pour que même aveugle
tu me reconnaisses un soir
quand vieux serons très vieux
au coin de quelque rue borgne
la seule où les enfants jouent encore
aux marbres
et dansent le rockenn’rôle
après souper
Gérald Godin, Ils ne demandaient qu’à brûler. Poèmes 1960-1986, Éditions de l’Hexagone, 1987, p. 78s.
Le chien. Quand on pense au chien, l’idée du chat n’est pas très loin. Par opposition, par domestication. On aime et apprécie la docilité voir même la soumission de même que la fidélité du chien mais on envie souvent l’indépendance du chat.
Michel Tournier dans son essai « Le miroir des idées » écrit : Il y a des hommes à chat et des hommes à chien, et ces deux traits coexistent rarement.
Denis Jobin
Cap-Santé