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Le Ringling est en ville

Le 10 mai 1904, La Patrie annonçait la venue prochaine à Montréal, le 31 mai et 1er juin, du grand cirque Ringling Brothers. Et nous disions qu’il fallait se méfier de ces publicités qui mettent toujours beaucoup d’emphase, qu’on peut être enchanté le moment venu, mais d’autres fois bien déçu.

Nous y voici. Voyons voir d’abord ce que dit La Patrie, le 31 mai 1904, de la parade dans les rues de Montréal avant les représentations.

Le cirque des frères Ringling, l’une des plus importantes organisations du genre, est arrivé à Montréal, hier soir, à 10 heures, venant de Plattsburg.

Aussitôt arrivés, une multitude d’employés s’occupèrent activement à dresser les immenses tentes sur les anciens terrains de l’exposition, rue Mont-Royal.

Le cirque Ringling est deux fois plus considérable que ceux que nous avons vus les années dernières. Les animaux sauvages et domestiques, dont le nombre est considérable, constituent l’une des principales attractions.

Ce matin, vers les neuf heures, avait lieu la parade habituelle. Depuis la venue du fameux cirque Barnum, il y a quelque cinq ans, jamais nous avons été témoins d’une aussi belle démonstration. Durant une demie heure, les lourds camions ornementés à profusion, tous portant toutes sortes d’animaux féroces, les cavaliers à cheval personnifiant les personnages de chaque pays, de superbes chevaux, quantité de dromadaires et d’éléphants de toutes les dimensions, défilèrent en présence d’une foule archi considérable  stationnée sur tout le long du parcours.

Mise en marche vers les neuf heures, la procession descendit la rue Saint-Laurent, puis passa rue Saint-Jacques, Windsor, Peel, Sherbrooke, Avenue du Parc jusqu’au terrain.

La parade était remarquable à plusieurs points de vue cette année. Le nombre de corps de musique de tous genres, ajouté à cela un orgue puissant traîné par huit chevaux, constituait l’une des principales attractions.

Près de deux cents chevaux de toute dimension furent utilisés pour traîner les différents charriots surmontés de personnages représentant les nations du globe.

Les représentations se donneront 2 fois par jour, à 2 heures et 8 heures p. m. respectivement.

Les portes des tentes seront ouvertes une heure avant les séances afin de donner à tous l’avantage de voir les animaux.

On peut se procurer des billets à la pharmacie de J. T. Lyons, 6 rue Bleury.

À part les nombreuses attractions qui seront données, on considère que l’événement le plus sensationnel sera le haut saut accompli par le célèbre Crazo monté sur une bicyclette.

Le cirque restera à Montréal durant aujourd’hui et demain.

 

Pour la parade dans les rues de la ville, l’accueil de La Patrie est favorable au cirque américain. Et qu’en est-il des représentations maintenant ? Voyons le journal du lendemain, 1er juin.

 

Par le temps idéal qu’il faisait hier, on estime à vingt mille le nombre de personnes qui sont allées voir le cirque des frères Ringling. Le cirque a sûrement fait une énorme recette, de même que la compagnie de tramway, dont les voitures ont transporté cette immense foule.

On s’accorde à reconnaître que le cirque Ringling est un des plus vastes et des plus considérables qui ait jamais visité Montréal. La ménagerie est immense et comprend une collection extrêmement variée d’animaux sauvages. Vingt-huit éléphants, dont un tout jeune, nombre de chameaux et de dromadaires, un petit chameau âgé d’une semaine, une quinzaine de lions magnifiques, des tigres énormes, un hippopotame, deux girafes, des singes de toutes tailles, des oiseaux de plumage varié, sont les principales attractions de la ménagerie.

La représentation comporte un bon nombre de numéros intéressants. Les chevaux tiennent, comme toujours, une large place dans le spectacle. En grande majorité blancs ou cendrés, ils sont presque sans exception remarquables de beauté et bien dressés.

Un des tours qui ont eu le plus d’effet est assurément accompli par M. Arthur Lowe (Crazo) sur sa bicyclette. Lowe part du sommet d’un plan incliné dans laquelle se trouve une solution de continuité [sic]. L’extrémité inférieure légèrement relevée du premier tronçon du plan incliné donne au bicycliste une poussée en haut qui le projette sur le second tronçon. Bien que théoriquement facile, puisque le bicycliste n’a véritablement qu’à bien se tenir sur sa machine, ce tour demande toutefois beaucoup de sang-froid et d’audace.

Les tours d’équitation sont intéressants.

Les phoques savants du capitaine Webb ont été applaudis, bien que leurs jeux ne fussent pas nouveaux.

Le grand spectacle de «Jérusalem et les Croisades» est un déploiement remarquable par le nombre de figurants et le luxe des costumes.

Enfin, les pitres à la figure enfarinée contribuent au succès de la représentation par leurs bouffonneries qui amusent l’auditoire.

 

Manifestement, le journal est réservé, ça se sent. Mais il n’ose être vraiment critique, après avoir été si élogieux dans son annonce trois semaines auparavant.

L’image accompagnant cet article apparaît sur le livret du disque audionumérique de Bert Jansch publié en 1995, When The Circus Comes To Town (Cooking Vinyl, TSND 0098). Né à Glasgow, en Écosse, en 1943, fondateur du groupe Pentangle durant les années 1960, avec John Renbourn, Jacqui McShee, Danny Thompson et Terry Cox, Jansch est cet immense compositeur et chanteur folk, que le Guardian, de Londres, a qualifié un jour d’un des plus influents musiciens de tous les temps.

 

 

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