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La corruption municipale ?

En 1900? Est-ce possible? Le journal Le Trifluvien du 11 décembre 1894 semble le croire.  Il y va d’un article sous le titre «Scandales municipaux».

Nos confrères montréalais sont-ils plus hardis que nous, et donnent publicité à des faits que nous n’osions citer, non que nous les croyions impossibles, mais parce que nous les savions imparfaitement confirmés.

Voici ce que dit l’un d’entre eux :

 

Trois-Rivières est évidemment victime de l’épidémie qui paraît sévir sur les conseils municipaux canadiens. À Montréal, on répète sans cesse que les échevins ont peu de force de résistance contre la tentation. À Toronto, on le prouve. À Hamilton et à Hull, il y aura des enquêtes prochainement.

Aux Trois-Rivières, des soupçons planaient depuis quelque temps sur un échevin qu’on accusait de trafiquer de son vote. Est-il coupable ? La chose n’est pas prouvée, Mais l’échevin en question, M. Frs Gélinas, représentant du quartier Saint Philippe, a cru devoir résigner au moment où des poursuites en cour criminelle allaient être prises contre lui.

On l’accuse d’avoir reçu un certain montant d’argent pour son vote sur l’octroi d’un contrat à MM. Beauchemin et Cie, de Sorel, et aussi pour la ratification d’un transport de licence d’hôtel.

L’affaire fait grand bruit en cette ville et l’on dit que malgré la résignation de M. Gélinas, les poursuites seront continuées. M. J. Harnois, avocat, de la société Harnois et Méthot, a l’affaire en mains.

 

Voilà autant de choses qui demandent d’être tirées au clair.

Il importe que notre conseil-de-ville soit à l’abri de tout soupçon de concussion ou boodlage, et que ses membres rencontrent les sympathies et la confiance des contribuables. Cette accusation de corruption lancée avec une grande apparence de vérité, sur l’un d’entre eux, fait planer un voile de doute sur les agissements des autres et donnent un dur coup à la confiance qu’on avait pu leur porter. Il est donc de toute nécessité, croyons-nous, de commencer immédiatement une enquête, afin de balayer, s’il y a lieu, du conseil municipal, tout ce qui peut le souiller, et d’y introduire des représentants sains de notre saine population.

 

Immédiatement après cette nouvelle, on entreprend, à Trois-Rivières, le procès de Gélinas devant le juge Désilets.

Par ailleurs, un an plus tard, le 3 décembre 1895, Le Trifluvien rapporte la nouvelle suivante : L’ex-maire Aubry, de Hull, a été privé de ses droits politiques pour avoir trafiqué sa charge et obtenu des pots de vin. Il a été condamné à $994 d’amende et $2,000 de frais. Il ne pourra pas non plus occuper de fonctions publiques pendant toute sa vie.

P. S. On parle abondamment de «boodlage» dans la presse de l’époque, synonyme de corruption entre personnages politiques et entrepreneurs.

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