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La terrasse Dufferin

En 1620, à Québec, quand Samuel de Champlain fait construire le fort Saint-Louis tout en haut du cap Diamant, en bordure de la falaise, il s’approprie le paysage.

Six ans plus tard, il fait raser le fort, si petit qu’il ne pourrait même pas servir à des soldats en service commandé, et ses hommes édifient un château, en bois toujours, comptant trois corps de logis, entouré d’une double palissade et flanqué de deux demi-bastions.

Son successeur Charles Huault de Montmagny, premier gouverneur en titre, arrivé au pays en juin 1636, juge que cet édifice ne convient plus et ordonne tout de suite la transformation du château Saint-Louis en forteresse de pierre et de brique avec corps de garde. Désormais, pendant près de 200 ans, ce panorama magnifique sera réservé aux gouverneurs et à leur entourage.

Le 24 janvier 1834, voilà que brûle le château Saint-Louis. Quatre ans plus tard, l’administrateur colonial, Lord Durham, fait raser les ruines du château jusqu’aux fondations, niveler le terrain et construire une pittoresque promenade appelée Plateforme. Cette première terrasse publique, bordée d’une balustrade en bois, est d’abord sur la terre. Bientôt, on couvre le plancher de madriers et on refait le garde-fou en métal.

La popularité de la terrasse entraîne un premier allongement en 1854. Le chroniqueur et auteur James Macpherson LeMoine rappelle en 1872 la beauté du coup d’œil. Une soir d’été, lorsque la Plateforme est couverte de flâneurs, que Lévis se parsème de lumière, que la Basse-Ville illumine ses rues étroites, ses longues lucarnes, et laisse monter la vive rumeur que fait le mouvement des affaires, que l’on distingue sur les eaux les grandes ombres des navires qui louvoient dans le port, la scène est d’une animation merveilleuse.

Durant les années 1870, l’affluence croissante des résidents de Québec et des visiteurs mène aux propositions les plus diverses pour allonger la seconde terrasse Durham. Finalement, en 1878, on réalise le projet du gouverneur général Lord Dufferin et de l’ingénieur de la ville Charles Baillairgé, qui proposent une très longue promenade intégrée à l’enceinte de la ville, ornée de cinq kiosques et de lampadaires de fonte inspirés du mobilier urbain créé à Paris sous le règne de Napoléon III. Lord Dufferin lui-même considérera qu’ajoutée à l’imposante citadelle et à l’enceinte pittoresque, cette terrasse donnera à Québec une allure tout à fait unique du cap Horn au pôle Nord.

Et, depuis ce temps, on ne cesse de fréquenter ce lieu de promenade fort agréable, tantôt pour des événements d’apparat, tantôt pour simplement y flâner et prendre plaisir à voir jusqu’où porte la vue.

 

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