Allo ! Allo ! Central !
Il y a peu, le 18 mai, nous soulignions qu’au moment des déménagements, la population supportait mal d’être privée de téléphone pour plus de quelques heures. Et apparence qu’ici, comme en France, on est insatisfait des téléphonistes, car le journal montréalais La Patrie sent le besoin, le 14 juin 1905, de reproduire cet article provenant du Gaulois, un journal français.
Le «Gaulois» dédie aux «demoiselles du téléphone» les renseignements suivants, dont il semble qu’elles pourraient tirer profit.
Il y a, en Amérique, une petite ville qui porte le nom français de Belle-Plaine, de 3,700 habitants, ayant une station centrale de téléphones, avec 500 abonnés. Elle est reliée par le téléphone avec les villages voisins.
Les paysans se servent beaucoup du téléphone, en toute occasion. Un jour, la demoiselle du bureau central reçoit l’ordre suivant : Allo ! Allo ! j’ai placé l’appareil dans le berceau de mon bébé. S’il s’éveille et crie, annoncez-le moi. Une autre paysanne envoie ceci : Allo ! Allo ! bureau central ! appelez-moi dans un quart d’heure, afin que je n’oublie pas de retirer le pain du four. Si un paysan doit prendre le train, la demoiselle reçoit cet ordre : Central ! éveillez-moi demain de bonne heure, avant le départ du train de six heures du matin. Trente abonnés se font réveiller ainsi, tous les matins, par le bureau central.
Que diraient nos demoiselles du téléphone de Paris, si on leur demandait de semblables communications et de pareils services ?…
Oui, mais il y a toujours, en ce monde, des compensations : une demoiselle du téléphone, qui sans doute, s’était montrée complaisante et aimable, vient, à Montréal, d’être épousée par un riche entrepreneur, qui possède plus de trente millions.
Puisse cet exemple engager nos téléphonistes à nous donner plus vite les communications demandées.
Tout cela est bien étonnant. Manifestement, nous sommes en train d’apprendre ce qu’est le téléphone. Témoignage à joindre à l’histoire de cette forme de communication, nouvelle alors.
On retrouvera l’illustration ci-haut à l’adresse suivante sous la rubrique «Téléphone». Il s’agit d’une gravure reproduite dans le Canadian Illustrated News du 20 décembre 1879, montrant des journalistes faisant l’essai du téléphone.