Connaissez-vous Alejandro Jodorowsky ?
Verseau, il aura 91 ans le 19 février. Manifestement, activer ses neurones de mille manières permet d’être créateur le plus longtemps possible. Le mental, bien vif, permet de défier le corporel.
Vous verrez sur la page Wiki à son nom une partie de son cheminement au cours des ans.
Personnellement, je l’ai à l’œil depuis son grand film El Topo, film, comme pour les écrits de Prévert, qu’il faut prendre au second degré. Et j’aime bien le personnage, même si nous n’avons pas à tout gober de son cheminement.
Un jour, subitement, durant les années 1990, le décès d’un de ses fils l’a cogné fort. « Il ne me restait plus, dit-il, qu’à supporter la douleur. » Il s’est lancé dans la méditation et l’écriture d’un nouvel ouvrage, La escalera de los angeles, paru en français sous le titre L’échelle des anges, Un art de penser. Voici quelques extraits.
L’âme est une fleur nocturne qui s’ouvre une seule fois dans une vie.
Après un long voyage à travers les jours et les nuits, quelques êtres tenaces parviennent jusqu’à eux-mêmes pour vivre ce qui est et non ce que le temps promet, acceptant dans le présent inévitable la digne joie du pain partagé.
Les mots ont des significations multiples qui vont du particulier au général., de l’évident à l’inhabituel. Il faut considérer chaque mot comme un conglomérat de significations. Ces significations prennent une importance plus ou moins grande selon le système culturel de celui qui parle.
Le pèlerin voyage pour trouver celui qui le rêve. Jamais la terre promise ne révèle son secret à l’avance. Au fond l’effet précède la cause. L’origine du monde se trouve dans le futur.
L’homme meurt d’innombrables fois dans sa vie. Il avance à travers les jours laissant un sillage de défunts. À l’intérieur de l’être comme dans une poupée russe, il y a une infinité d’êtres. Seule la conscience impersonnelle reste identique, traversant les multiples mutations de l’âme comme le fil d’un collier de perles.
Même les vers possèdent en leur intérieur une fleur d’or, fidèle au cri premier la vie suit son intention de retourner à l’origine, dans l’obscure vérité d’aujourd’hui la chrysalide meurt pour s’ouvrir à la lumière. Par abandons successifs nous atteignons une naissance dans le futur.
Ce n’est qu’en bâillonnant le vampire de la raison que nous pourrons avancer dans la forêt obscure et entrer dans la cathédrale secrète de l’âme.
Si l’intelligence n’enseigne pas à l’homme qu’il est le père de toutes les pierres, à quoi sert-elle ?
Alexandro Jodorowsky, L’Échelle des anges, Un art de penser, suivi de Image de l’âme, Les 22 thèmes du poète, Paris, Édition Albin Michel, 2005. Édition de poche, Collection Espaces libres.
Magnifique billet Jean!
Merci infiniment pour la référence à ce livre, cher ami. Et c’est seulement une partie que je livre ici. Je vais proposer un second billet bientôt. J’aime beaucoup cet ouvrage de Jodo.