Retour sur « vieillir »
Vieillir permet de découvrir, à voir plusieurs de celles et ceux qui nous précèdent, que nous pouvons être créatrice-créateur jusqu’au bout, ou engagé social fort important.
Dans un commentaire ayant pour titre « Des jeunes nonagénaires », Roland Bourneuf, âgé de 85 ans, écrit :
La vieillesse n’est pas toujours un naufrage ! Chez certains écrivains ou artistes, qui semblent presque des miraculés les forces créatrices sont intactes alors qu’ils ont frôlé ou dépassé quatre-vingt-dix ans. Les noms me viennent presque au hasard parmi les plus connus (plusieurs aujourd’hui encore vivants) : Yves Bonnefoy et Philippe Jacottet, dont la poésie n’a cessé de s’intérioriser, le romancier Julien Gracq, dont on a fait — à son corps défendant —, dans ces dernières années, une figure nationale des lettres françaises, François Cheng, nourri de dure expérience personnelle et de sagesse orientale, chantre de l’amour et de la beauté, le sociologue et essayiste Edgar Morin, toujours attentif à l’évolution de notre société, comme le philosophe Michel Serres, curieux de tout ce qui y naît. […]
Je n’oublie pas ceux qui, l’âge venant, s’engagent dans une action humanitaire et spirituelle. En Inde, dit-on, des hommes ne sont pas rares qui, ayant élevé leur famille et accompli une carrière professionnelle, se retirent du monde et entrent dans un ashram. […]
Il y a tous ceux, connus comme Georges Vanier au Canada, après sa carrière militaire et diplomatique, créant des fondations pour les démunis, ou Pierre Rabhi, œuvrant à des formes nouvelles d’agriculture et une relation vivante avec la terre. […] Les innombrables anonymes tout près de nous, aujourd’hui retraités, qui soutiennent les malades, les vieillards sans ressources et sans présences pour les accompagner dans le temps qui leur reste à vivre, les « proches aidants », les bénévoles en tout genre qui se consacrent à alléger la misère. La tâche est immense à accomplir pour et par ceux qui vieillissent.
Roland Bourneuf, Vieillir chemin de vérité, Montréal et Paris, Médiaspaul, 2020, p. 49-51.
La photographie de Michel Serres provient de France Culture et se trouve sur le site Livres hebdo, du 1er juin 2019.