Il dort
Son œil est bon.
Happé par une voiture tout juste en face de chez moi.
Sans doute mort sur le coup.
Sans blessure sinon un bleu à l’épaule droite. Un bien jeune faon. Un petit mâle. En pleine santé.
Rêvant assurément de mes pommes généreuses cette année.
Existe-t-il un au-delà pour les jeunes cerfs de Virginie qui font des rêves semblables et en perdent la vie ?
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Je n’ai pu m’empêcher d’aller le flatter à trois reprises, dans le cou, sur la joue et sur le dos. Tout en lui parlant, bien sûr.
Le 9 juin, dans mon allée, allant vers la sortie de mon terrain, j’avais aperçu la marque du sabot d’un cervidé adulte suivi, à la queue leu leu, de celle d’un plus jeune. Peut-être était-ce lui qui suivait sa mère.
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Aujourd’hui, le lundi 26 août, un employé de la municipalité est venu le chercher.
C’est tellement triste. Ça me semble impossible que le véhicule qui l’a frappé roulait trop vite pour l’éviter. J’espère qu’il a senti ta présence d’une façon ou d’une autre.
J’étais bien triste de le retrouver là.
Ça roule vite dans le rang, une longue ligne droite pas très fréquentée. Et l’automobiliste l’a peut-être frappé durant la nuit de jeudi à vendredi, ou la suivante.
Mais je suis certain que ce faon avait l’œil sur mes pommes. Tout près d’où il est tombé, d’ailleurs, se trouve un jeune pommetier chargé de pommettes.
C’est bon de penser qu’il rêve à des pommes et au Paradis des chevreuils. La ligne est si mince entre la vie et ce qui la précède et la suit. Ce faon aura presque sauté l’étape de la vie.
Merci beaucoup, cher Louis. Sa jeunesse, sa si courte vie en effet, le rend tellement attachant.
Comme il est beau! J’aurais aussi eu envie de le toucher. Je souhaite qu’il soit au paradis des cerfs, en train de se gaver de pommes bien juteuses.
Ah oui, chère Hélène, qu’il soit au paradis des cerfs en train de manger plein de pommes juteuses ! Quand je l’ai aperçu rentrant de la ville, j’étais tellement triste.