Nous sommes rue Saint-Joseph, alors la rue des grands magasins à Québec
À travers les mille et un sujets possibles, le journaliste tenait à ce propos.
Un petit bonhomme âgé d’une dizaine d’années à peine, tout déguenillé, n’ayant pour toute chaussure que des restes de souliers, mendiait de porte en porte rue St-Joseph, l’un de ces soirs.
Dans l’un des plus beaux magasins de cette rue, une dame faisait des emplettes lorsque le petit malheureux entra.
Émue en voyant tant de misère, la généreuse dame posa quelques questions aux petits :
— Pourquoi mendies-tu, mon petit ?
— C’est que maman est malade et ne peut travailler, répondit l’enfant d’une voix tremblante.
— Et ton père !
— Papa est mort, et mes petits frères et sœurs ont bien faim.
Et l’enfant, levant les yeux sur la charitable dame, tendait timidement la main.
Son interlocutrice y jeta une poignée de pièces blanches, et exigea du petit qu’il échangeât ses haillons contre un complet tout flambant neuf.
Ne sachant comment remercier et trop ému, l’enfant riait et pleurait tout à la fois.
Par discrétion, nous taisons les noms.
L’Électeur (Québec), 14 avril 1894.
Je vais vous dire. Si, un jour, la vie m’est prêtée davantage que ce que j’ai eu à ce jour, je travaillerai à une grande histoire de l’enfant au Québec. Et ce texte ci-haut ouvrira cet ouvrage.
L’historien français Philippe Ariès (1914-1984), homme charmant que j’ai eu le plaisir de rencontrer lors d’une de ses visites à Québec, s’y était lancé dans L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime (Plon, 1960).
Il faut beaucoup prendre soin de nos enfants, par les temps qui courent en particulier comme sans doute il aurait fallu autrefois, et ils ne sont d’aucune manière responsables de notre vécu bruyant actuel. Et un livre sur leur histoire nourrirait une prise de conscience des adultes à leur égard en ce moment. C’est là l’utilité de l’histoire, car l’histoire pour l’histoire est sans intérêt.
Vous voulez connaître l’histoire de ce gros ours d’Auvergne, voir le billet ci-joint.
Bonjour,
En effet, il semble bien que l’enfant n’avait pas autrefois l’importance qu’on lui accorde aujourd’hui. Il était comme un mal nécessaire. Il devenait rapidement de la main-d’oeuvre s’il ne mourait pas en bas âge. On en parlait peu. On semble oublier souvent qu’ici aussi les enfants ont travaillé; on les retirait de l’école pour assurer un revenu de plus pour la famille.
Alors oui, vite une histoire des enfants au Québec!
Merci, bonne journée!
Merci à Vous, chère Francine.
Bon printemps !
Quel texte émouvant que l’histoire de ce petit enfant ! Sans oublier l’histoire de ce gros ours d’Auvergne. Et quelle leçon l’histoire peut nous apporter.
Bon mois de Marie et bonne journée Jean.
Tu as bien raison, cher Claude.
Bon mois de Marie à toi aussi, cher ami, bon mois le plus beau !