Déception : aucun pont de glace en vue devant Québec

Et nous sommes le 25 janvier. Il est bien tard.

Ceux qui s’attendaient à un pont de glace cet hiver en face de la ville commencent à être désappointés, et n’espèrent plus traverser sur la glace entre les deux villes [Québec et Lévis].

Le temps doux presque continuel que nous avons eu jusqu’aujourd’hui, entremêlé seulement d’un jour de froid de temps à autre, a eu pour effet de faire disparaître presque complètement la glace sur le fleuve, et actuellement l’on ne peut voir que de légères glaces descendant au fil de l’eau.

C’est réellement un hiver exceptionnel, et les vieux nous disent qu’ils n’ont pas eu connaissance d’un tel hiver depuis des années.

L’année dernière, à pareille date, le fleuve charriait d’énormes quantités de glace qui bouchaient le fleuve d’une rive à l’autre et, le 26 janvier, cette glace amoncelée s’arrêtait devant la ville, pour ne repartir que le 12 avril suivant, le jour de Pâques au matin.

Mais le mois de février n’est pas encore passé, diront les vieux marins pronostiqueurs en jetant un coup d’œil sur le fleuve. Attendez les tempêtes et le froid, l’on ne perd rien pour attendre et l’on en aura pour notre compte.

Espérons que ces prophètes de malheur se trompent comme presque toujours d’ailleurs et que le mois de février nous sera aussi favorable que janvier.

Le Soleil (Québec), 25 janvier 1899.

On le constate bien : certains espèrent un pont de glace, d’autres du temps doux.