Une veuve étonne
Mais pourquoi pas !
On rapporte que, récemment, dans une petite ville de la province, un homme étant passé de vie à trépas, sa femme a voulu elle-même conduire le deuil à l’église et au cimetière. Aussi, grand a été l’émoi, au passage du cortège funèbre, quand on a aperçu la veuve désolée, assise sur le siège du corbillard, conduisant son « homme » à sa dernière demeure.
Malgré tous les avis des voisins et des amis, il a été impossible de vaincre l’entêtement de cette veuve originale. Au retour du cimetière, elle a sollicité la faveur de revenir à la ville dans le corbillard même où, un instant auparavant, reposaient les restes de son regretté époux.
L’entrepreneur de pompes funèbres s’est rendu à ses désirs.
Le spectacle de cette femme revenant du cimetière dans la voiture funèbre, d’où son mari venait de sortir, a vivement surexcité les esprits !
La Presse (Montréal), 30 décembre 1895.