Méfiez-vous des douaniers
Le 21 janvier 1902, le journal La Patrie nous prévient : Douaniers sévères. Ils malmènent les voyageurs et vident leurs sacoches. Voici l’histoire en provenance de St. Albans, Vermont. Un texte bien tourné.
Le spectre de la contrebande hante certains fonctionnaires douaniers dont la préoccupation n’est pas tant de s’acquitter de leurs devoirs officiels que de faire leurs petits maîtres au désagrément et à la déconvenue des voyageurs.
Depuis que Lasar s’est fait pincer sur les frontières canadiennes en compagnie de jeunes mariés, les époux Pilon de Montréal, en voyage de lune de miel, depuis qu’une prétendue agence montréalaise a été accusée d’avoir fait sauter par-dessus la barrière 45e des fourrures d’une valeur estimée à $100,000 ou plus, des limiers de la frontière américaine, novices dans la profession ou animés d’un zèle outré, se sont dit qu’il y avait beau champ pour étaler leur réputation ou donner le coup de dent aux Canadiens.
Il ne faut pas remonter au déluge pour trouver des exemples de la mauvaise foi avérée de cette classe de douaniers. Qu’il me suffise de vous raconter la mésaventure de trois respectables personnes de Lowell, revenant dans la nuit de samedi à leur foyer respectif, après une visite de quelques jours au Canada où résident à St-Guillaume d’Upton leurs parents et amis.
Si je ne me trompe, l’on célébrait dans cette patriotique paroisse de St-Guillaume, la semaine dernière, des noces de diamant auxquelles des centaines de personnes dont plusieurs membres du clergé. C’est à cette réjouissance familiale que quelques Franco-américains, de la haute société lowelloise, avaient été conviés et ils retournaient aux États-Unis, samedi soir, par convoi du Vermont Central, chargés de bibelots, de quelques bonnes bouteilles de liqueurs canadiennes destinées par les mamans et les papas du pays natal à leurs enfants expatriés, heureux d’avoir l’occasion de leur envoyer quelque chose qui leur rappelait les douceurs de famille, quand surgit dans le wagon un jeune homme aux habits jalonnés, à la casquette étiquetée aux couleurs de la république américaine. C’était non loin de St. Albans, Vt.
Ouvrez vos sacoches ! dit rudement le galant officier, aux poils encore follets, aux trois voyageurs lowellois.
Bien certainement, monsieur ! Et d’un geste, les sacoches entrebâillées laissaient voir victuailles de nuit, liqueurs en flacon à l’adresse de A. B. C. et des voyageurs eux-mêmes, qui pensaient bien pouvoir s’émoustiller un peu pour chasser les ennuis d’une longue nuit passée en chemin de fer.
D’un tour de main agile, le jeune officier empoigna les bouteilles et les confisqua au nom de la loi, prétextant que pour aucune considération il n’était permis aux voyageurs de franchir les lignes avec une parcelle même d’un article sujet au tarif. Explications, essais de persuasion, protestations, rien n’y fit; il disparut, laissant bouche béante les autres voyageurs du même convoi, qui, témoins de la saisie intempestive, tremblaient pour eux-mêmes. Il appert même que le douanier s’est permis de palper les poches des voyageurs en question.
Le conducteur du convoi exprima ses regrets d’une telle spoliation. Ce jeune homme, dit-il, est nouvellement arrivé; il remplace un vieil officier et veut se créer de l’importance.
D’autres l’accusaient de plus graves méfaits, tels que porter des brillants de provenance douteuse, mais il faut en prendre et en laisser.
N’empêche que le gouvernement américain n’a rien à gagner avec un novice de cette autocratie, encore moins la compagnie du Vermont Central.
Jamais on n’a vu de pareil outrage sur le Pacifique Canadien, disaient les voyageurs du train, venant de Lowell, et qui vont souvent au Canada voir leurs familles.
Une plainte a été enregistrée au bureau de la douane du Vermont.
L’image ci-haut montre l’édifice des douanes canadiennes à Lacolle, au Québec. Rien à voir, donc, avec cette présente histoire de douanier américain. L’illustration provient du site de cartes postales de la Bibliothèque nationale du Québec : http://www2.banq.qc.ca/carpos/accueil.htm, cote CP 6823.
Cet édifice des douanes de Lacolle existe toujours mais est en piètre état. On y fait un arrêt forcé quand on prend le train Montréal-New York. Je pense qu’il sert maintenant de remise.
Ne me dis pas, cher Normand, que la douane canadienne s’en va sua bomme. Quand on connaît ce cher Harper, nul doute qu’il va voir au grain bientôt. Il trouvera bien quelques sénateurs québécois pour pour prendre la parole à ce sujet, ce cher Harper.
Tous les jours je lis un citadin à la campagne (quatre saisons à Sainte-Anastasie et j’adore cela maintenant j’aurai plus de lecture à faire avec votre site web merci de cet initiative.
Merci beaucoup, chère Alberte. Bonne route avec nous.