Voilà un ami des moineaux
L’auteur, A. Dubois, s’arrête au Moineau domestique.
Ces oiseaux, nous l’avons dit, sont pleins de défiance, de finesse et de circonspection ; je sais qu’il est difficile de les déloger des lieux qui leur conviennent ; ils reconnaissent aisément les pièges qu’on leur tend ; c’est peine perdue de planter debout, dans les champs, des hommes de paille vêtus de haillons, des moulins bruyants qui tournent à tous les vents, des épouvantails de toutes sortes dans le dessein de les éloigner ou de les effrayer ; ils se sont bientôt rendu compte du peu de danger qu’ils ont à courir ; et il en est qui ont poussé l’insolence jusqu’à établir leur nid dans le chapeau du prétendu braconnier, armé d’un fusil de bois, qui devait si fort les effrayer !
Mais les exterminations ridicules n’ont eu d’autres résultats que de rendre plus évidente l’utilité du moineau. Quelques années plus tard, [Georges-Louis Leclerc, comte de] Buffon [1707-1788] aurait pu entendre les plaintes des habitants des contrées d’où ces oiseaux avaient disparu. Tous les fruits étaient tarés, tous les grains rongés, tous les légumes dévorés. Les insectes s’ébattaient à l’aise dans les champs privés de moineaux : chenilles, hannetons, sauterelles dévoraient tout ; et, en fin de compte, il fallut payer de nouvelle et plus fortes primes pour opérer la rapatriement des malheureux exilés.
Il existe cependant un procédé bien simple pour éloigner les moineaux des cerisiers ou autres arbres qu’on veut protéger contre leurs déprédations ; ce moyen consiste à suspendre des brins de laine dans les branches de l’arbre menacé. Les oiseaux que n’effraient ni les mannequins, ni les filets, ni les trébuchets, fuient à l’approche de ces fils que le vent agite, et derrière lesquels ils supposent la présence de quelques pièges dangereux.
A. [Armand] Dubois, Autour d’une volière, Oiseau de France & Oiseaux exotiques, Librairie nationale d’éducation et de récréation, sans date [1896], p. 288.
Sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Gallica, l’ouvrage, dit-on, est paru chez Eugène Ardant, à Limoges.
Cet auteur aimait beaucoup les oiseaux. Il publia aussi en 1882 D’Europe en Asie, Souvenirs d’un oiseau, où il personnifie une hirondelle en voyage décrivant ce qu’elle aperçoit, s’arrêtant à la description de nombre d’oiseaux.