« Les autorités civiques ont décidé de rien faire pour enlever cette neige »
Parfois, il y a des jours qui se ressemblent vraiment à plus de cent ans d’intervalle.
La ville de Québec, par exemple, vient de recevoir, avant-hier, plus de 20 centimètres de neige et les autorités ont jugé bon de ne pas nettoyer la nuit venue, si bien qu’hier, le cœur de la ville faisait drôlement jaser. Certains trottoirs importants, boulevard René-Lévesque par exemple, n’étaient que des sentiers, laissant le passage à une seule personne à la fois.
Ici, nous sommes à Montréal, voilà 111 ans.
Il est tombé hier 10,5 pouces de neige [un peu plus de 26, 5 centimètres], ce qui bat tous les records de l’hiver. […]
Depuis dix ans, la moyenne de la neige tombée pendant le mois d’avril a été de 3,3 pouces et cette année, en un seul jour, nous atteignons 10,5 pouces et 11 pouces depuis le 1er du mois.
En 1875, la neige est tombée en tempête le 1er mai et, en 1890, le 30 avril.
Mais ces printemps tardifs laissent loin derrière eux celui de l’année 1874, alors que, le 1er mai, on plantait un mât sur la glace du fleuve en face de Québec, et que les traverses de Québec à Lévis s’effectuaient sur la glace comme en plein hiver.
La journée d’hier n’en a pas moins été exceptionnelle et le trafic a fortement souffert.
Les autorités civiques ont décidé de ne rien faire pour enlever cette neige. Dans les quartiers Centre, Est et Ouest, la neige ne sera pas enlevée des trottoirs aux frais de la cité, car le règlement n’est plus en vigueur depuis le 1er avril.
La Patrie (Montréal), 9 avril 1907.
