« Les aventures d’un chat »
L’histoire se passe à Goshen, dans l’État de New York.
Un fort beau chat noir, que James Howell, propriétaire d’une beurrerie, de Goshen, N.-Y., appelait Tom et qu’il aimait beaucoup, vient de faire une expérience peu banale, s’il faut en croire les grands journaux de New-York.
Un matin, Tom gambadait dans la cour de la beurrerie, lorsqu’il lui prit fantaisie d’attraper une feuille sèche que le vent emportait. Le puits de la ferme était ouvert, la feuille y tomba, et Tom s’y précipita à son tour.
Le puits de la ferme Howell se compose d’un tuyau en fer d’un diamètre de 10 pouces [un peu plus de 48 centimètres] et d’une hauteur de 268 pieds [un peu plus de 81 mètres]. Les employés de M. Howell, qui virent le pauvre chat disparaître dans le puits artésien, firent ensemble une oraison funèbre. Il était impossible de le ramener à la surface et de le sauver ! Tom était bien mort ! Pauvre Tom !
Mais la terre a de ces secrets qui, parfois, étonnent et stupéfient. Tom ne mourut pas. Au contraire, un quart d’heure après, un garçon de la ferme Makuen, située à 2 milles plus loin [3, 2 kilomètres], le recueillit plein de vie et nageant dans un vaste étang formé par une source d’eau souterraine toujours bouillonnante. Après l’avoir fait sécher, à la maison, on le relâcha. On le vit aussitôt prendre le chemin de la beurrerie.
Comment Tom avait-il fait ce voyage sain et sauf ?
Pour approvisionner d’eau la ferme Howell, il avait fallu creuser un puits artésien. À 268 pieds de profondeur, on tomba tout à coup dans le vide et un jet d’eau puissant sortit de l’ouverture. En examinant l’eau, on y découvrit même de petits poissons. Un cours d’eau passait-il sous la ferme Howell ? C’était bien possible, mais aucune démarche n’avait encore été tentée pour s’en assurer d’une façon certaine.
Les aventures de Tom allait résoudre le problème pour tout de bon, au grand contentement des citoyens de la municipalité de Goshen, N.-Y., qui étaient en train de s’acheter une prise d’eau pour leur aqueduc, mais qui ne savaient si le puits artésien de la ferme Howell serait suffisant ou s’il faudrait s’alimenter à la source de la ferme Makuen, à 2 milles plus loin, comme nous le disons un peu plus haut.
Le course souterraine de Tom a démontré hors de tout doute l’existence d’un cours d’eau ou d’une petite rivière dont l’embouchure se trouve sur la ferme Makuen.
Le chat, en tombant dans le puits, a été entraîné par le courant jusqu’à la sortie du cours d’eau, franchissant l’espace entre le puits et les sources toujours jaillissantes de la ferme Makuen, soit 2 milles, en 15 minutes !
Détails à noter, Tom, de noir qu’il était avant son aventure, est devenu blanc comme la neige et sourd comme un pot.
Inutile de dire que Tom, malgré ses infirmités, est l’objet de toutes les considérations de la part des habitants de Goshen, N.-Y., et que son maître ne s’en départirait pas pour tout l’or du Klondyke.
La Patrie (Montréal), 15 février 1902.
Omg… Tom était un héros ! En fouillant un peu dans Goshen, je parie qu’on trouverait une statue en honneur de ‘Tom the Cat’. On devrait en tous cas. Après tout y a des politiciens qui n’ont fait que parlementer à tort et à travers qui ont eu la leur.
Un pur plaisir cette histoire, Jean. Elle me barre le visage d’un sourire bien large pour démarrer la journée.
J’espère, en effet, que l’événement est souligné dans le coin de Goshen. L’histoire de ce chat poussé par les eaux et qui a dû aussi se débattre pendant 15 minutes pour arriver au bout fait partie de la vie de cette communauté, qui a alors apprise qu’elle pouvait s’alimenter à cette rivière souterraine. Ce ne serait pas une blague que de le souligner.
Au Japon on a immortalisé un chien pour avoir été fidèle à son maître même après la mort de ce dernier. Hachiko, comme son dernier l’avait nommé, a sa statue dans un parc de Shibuya depuis 2004. Voir le lien
https://www.vivrelejapon.com/ville-tokyo/hachiko-chien-statue-shibuya
Leur histoire a fait l’objet d’un film avec Richard Gere. Un film qui… fait pleurer, il faut bien le dire. Mais bon, rien de nouveau sous le soleil, les animaux n’ont pas leur pareil pour nous émouvoir. Mais Tom, lui, ne ferait pleurer personne, bien au contraire.
Les États-Unis ont un chien célèbre, Owney, qui adorait les voyages par train, allait de gare en gare, en s’embarquant invariablement dans le wagon de la poste, celui qui transportait le courrier. Si célèbre qu’un jour, on luis consacra un timbre.
J’en parle à l’adresse suivante : https://jeanprovencher.com/2013/03/07/enfin-des-nouvelles-downey-seconde-partie/
Tom le chat, s’il n’a pas encore dans son coin de pays une « mention » quelconque, il en mériterait une.
Merci pour cette référence à ce chien japonais et au film qu’on lui a consacré.
Tom, Owney et Hachiko ont eu des vies peu banales, lire leurs aventures nous fait du bien. Que dire des chevaux célèbres maintenant ? Un cheval trop petit et trop frêle pour gagner la moindre course là où ça compte mais qui a fait une belle carrière et enrichi son propriétaire. Et Secrétariat, un cheval qui était incapable de perdre une course et qui a rendu sa propriétaire célèbre. Décidément les animaux ont bien des façons de nous faire la vie belle.
Absolument.