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Les malheurs du  » Pilot « 

Le Pilot

En septembre 1884, à Québec, on met à l’essai un nouveau traversier pour l’hiver entre Lévis et Québec, le Pilot. « Tout a parfaitement réussi » écrit le quotidien Le Canadien, le lendemain.

Mais on vivra par la suite des problèmes à cause de la faiblesse de ses moteurs. Voici une autre de ses aventures. Le quotidien Le Soleil raconte.

Après avoir passé une agréable soirée, soit au concert Damrosch-Nordica, aux autres théâtres de Québec, ou chez des amis, près de deux cents personnes s’embarquaient, hier soir, vers onze heures trente, à bord du « Pilot », pour rentrer chez eux, à Lévis.

Comme le fleuve charroyait beaucoup de glace, le « Pilot », comme de coutume entraîné vers l’Île d’Orléans, est allé de nouveau accoster aux battures de Saint-Joseph de Lévis, en arrière des débris du « Bavarian ». Il n’est revenu, ce matin, à Lévis, qu’un peu avant sept heures.

On comprend facilement que passer une nuit à bord du « Pilot » qui n’est pas du tout aménagé pour recevoir, la nuit, deux cents personnes, n’était pas une perspective plaisante pour les passagers ; aussi, dès que le bateau eut accosté aux battures, un grand nombre de personnes à bord, les jeunes gens surtout, prirent la chemin de la maison, pour prendre un peu de repos avant de l’heure du travail.

Mais, au milieu de la nuit, par la tempête qu’il faisait, plusieurs n’osèrent s’aventurer sur la glace et entreprendre, pour se rendre dans leurs demeures, une course de plusieurs milles à travers la neige, de sorte que près de 100 personnes étaient encore à bord, ce matin, quand, à cinq heures trente environ, le « Pilot » jetait les passagers au quai de Lévis. […]

Pour rassurer les nombreuses familles qui, tant à St-Joseph qu’à Bienville et Lévis, deux passagers, MM. Thibault et Lavallée, en se rendant du bateau dans leurs demeures, avertirent ceux qui avaient des parents ou amis à bord, qu’il n’y avait aucun danger et que le bateau ramènerait ses passagers à Lévis aussitôt le moment de la marée venu.

Ces fréquents voyages que le « Pilot » fait à la dérive commencent à inquiéter ceux dont les occupations exigent qu’ils se servent des bateaux-passeurs.

Un, deux, même trois voyages à la dérive n’auraient causé aucune crainte, on se serait cru en face d’accidents, mais les nombreuses croisières sans but, que fait le bateau depuis quelque temps semblent prouver que le « Pilot » n’est pas assez fort pour tenir tête aux glaces qui flotte en face de Québec.

Le « Polaris » et le « Queen » soutiennent crânement la lutte contre la nature, ce qui prouve que, si le « Pilot » avait des machines aussi fortes, il ne serait pas le jouet des glaces et pourrait, tout comme les autres bateaux-passeurs, mener à bon port ceux qui se confient en lui.

 

Le Soleil (Québec), 6 février 1908.

L’image du Pilot provient de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds J. E. Livernois, Photo-reportages édités, cote : P560,S1,P439.

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