À quand la livraison à domicile des colis postaux ?
Il nous a fallu apprendre à vivre en ville. À nous donner, par exemple, des services nécessaires à des citadins éloignés du bureau de poste. Ainsi, on a mis du temps à songer à la livraison à domicile des colis postaux. Le quotidien La Patrie la réclame en 1908.
La Patrie reconnaît sans peine que le service postal a subi de nombreuses améliorations depuis quelques années. Mais l’on ne s’est guère préoccupé jusqu’ici du transport et de la livraison des colis postaux.
Dans une grande ville comme Montréal, cette question des colis postaux prend une importance considérable. Des milliers de colis arrivent chaque jour à l’adresse de citoyens habitant les quartiers les plus éloignés. Comme ces paquets ne sont pas livrés à domicile, les personnes auxquelles ils sont destinés se voient obligées de se rendre au bureau de poste central ou aux rares succursales que le ministère a cru devoir établir. Cela entraîne une perte de temps sérieuse, des allées et venues désagréables et fatigantes.
Il semble que l’heure soit venue de mettre fin à ce système suranné.
Les lettres sont livrées à domicile. Pourquoi les colis postaux ne le seraient-ils pas ? Les frais de port des colis sont assez élevés pour qu’on accorde autant d’attention à ces objets qu’aux lettres et aux journaux.
Les revenus des postes sont énormes. Pourquoi n’en pas employer une faible partie à l’organisation d’un service de livraison à domicile au moyen de véhicules ou de voitures automobiles ?
Il suffira, nous l’espérons, de suggérer cette réforme pour que les autorités postales en ordonnent l’exécution.
Cette question des colis postaux intéresse des milliers et des milliers de citoyens qui ont droit de compter sur la sollicitude du ministère des postes, au même titre que les personnes qui reçoivent des lettres et des journaux.
L’on ne saurait songer à charger les facteurs de cette nouvelle besogne. Ils en ont déjà plus qu’il n’en faut. À les voir passer avec leur précieux bagage plein les bras, l’on comprend qu’il serait cruel de leur rendre leur tâche plus lourde. Et ils sont si bien payés !
La solution la plus raisonnable et la plus pratique de ce problème est d’organiser, comme nous venons de le suggérer, un service de livraison à domicile par véhicule ou voiture-automobile.
La Patrie conseille aux autorités postales d’accomplir cette utile réforme parce qu’elle est convaincue qu’il y va de l’intérêt public.
Aucun obstacle véritable ne s’oppose à cette innovation. Au contraire, tout la recommande. Elle rendrait des services inappréciables à notre population.
La Patrie (Montréal), 18 janvier 1908.
