Causons cèdre

J’ai chez moi un cèdre, le seul de son espèce. Un cadeau de mon amie Christiane lors d’une des visites, celle-ci en mai 2001. Tellement petit, il devait apprendre au fil des ans qu’il lui fallait la vaillance s’il ne voulait pas être avalé rapidement par ce milieu si puissant.

Le voici en deux images, le 11 août 2014 (déjà à 13 ans, il a l’allure affirmative), puis le 9 décembre 2017. Marion, malurette.

Il y a de ces vies sur Terre où il faut la patience et la ténacité pour arriver à trouver son espace. Et ne vous demandez pas pourquoi je l’ai à cœur et lui tiens conversation. C’est un petit héros.

Dans mon lot de brochures diverses, en voici une sur le cèdre du Service forestier du ministère de l’Intérieur du Canada (!). 1928 Extraits

Son nom lui venant de Carl von Linné (1707-1778), naturaliste suédois tellement important qui a créé les bases du système moderne de la nomenclature binominale, est Thuya occidentalis.

Le mot « cèdre » est censé provenir du mot arabe « Kedr » qui veut dire Valeur. On l’a appliqué à un nombre considérable d’essences. Il désigne une soixantaine de genres répandus dans les régions tempérées et tropicales du globe. À proprement parler, on ne devrait l’appliquer qu’au genre Cedrus dont le Cèdre du Liban (Cedrus libani) est une espèce. Les soi-disant cèdres du Canada ne sont donc pas de vrais cèdres, mais appartiennent à un genre tout à fait différent. […]

Cet arbre est une des deux espèces du genre Thuya qui sont indigènes au Canada. L’autre est le cèdre géant — le cèdre rouge de l’Ouest ou de la Colombie-Britannique — que l’on trouve surtout dans cette dernière province. Comme ces deux espèces n’habitent pas les mêmes contrées, il y a peu de danger de les confondre. […]

Le cèdre est un petit résineux […]. Les jeunes sujets isolés ont une très belle apparence. […] Ses cônes comptent parmi les plus petits produits par les conifères canadiens.

Le bois de cèdre est léger, tendre, relativement faible, cassant, à grain fin, uniforme et droit. Il est très odorant, ne moisit pas, résiste aux agents atmosphériques et se travaille facilement. Il est de couleur brun clair, mais devient plus foncé lorsqu’exposé à l’air.

Il dure remarquablement. De toutes les essences canadiennes, le thuya est peut-être celle qui résiste le mieux à la carie. Pour cette raison, on s’en sert beaucoup pour faire des poteaux, des traverses de chemin de fer, des piquets et des perches de clôture, du bardeau. Il existe encore aujourd’hui des clôtures de perche de cèdre fendu construites par les premiers colons. […]

La symétrique élégante du cèdre et la densité de son beau feuillage vert ont fait du cèdre un des résineux les plus populaires pour la décoration dans l’est du Canada. Comme l’ombre lui va bien, c’est un des arbres les plus utiles à planter autour des maisons et des dépendances là où peu d’autres essences réussiraient. Pour former un mur de verdure compact et une haie, il est des plus satisfaisants, car il endure bien la taille. […]

Bien des sols conviennent au cèdre. On le voit dans des lieux très humides de même que sur des terrains peu profonds et très secs, au sommet des coteaux rocheux. Mais c’est dans les sols humides qu’il prospère le mieux. […]

C’est peut-être parce qu’il aime l’humidité que le thuya n’a pas souffert autant que bien d’autres essences des ravages de l’incendie. […]

Ministère de l’Intérieur du Canada, Le Thuya (cèdre de l’est), Ottawa, Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1928