La triste histoire de Nellie

La gare Windsor a été hier la scène où s’est dénoué le court roman de Nellie O’Brien.

Elle pleurait et l’agent Richard essaya de la consoler avec la délicatesse d’un frère. Rien n’y faisait cependant et Nellie s’adressa aux détectives du service secret du Pacifique.

Il y a moins de cinq mois, Nellie O’Brien était à l’emploi de la « Standard Shirt Co. ». C’est alors qu’elle rencontra le beau George Simpson qui s’en fit aimer et qui l’épousa. Ils allèrent demeurer au No. 226, rue de l’Université et les mois passèrent heureux dans une longue lune de miel.

George était bon et indulgent. Peut-être ne travaillait-il pas beaucoup, mais il aimait tant sa Nellie. Pendant les quatre mois de sa vie conjugale, il eut plusieurs emplois, mais toujours ne les trouvait pas convenables.

Il y a quelques jours, il sortit en disant à sa femme qu’il s’était procuré un emploi au magasin de journaux de la gare Windsor et en lui demandant de ne pas être trop inquiète sur son compte.

Les jours passèrent et George ne revenait pas. Sa femme fut effrayée et elle se rendit à la gare. Jamais personne n’y avait entendu parler du volage mari. Nellie se souvint alors qu’en partant, il avait pris avec lui quelques effets.

Elle montra son certificat de mariage à plusieurs personnes qui compatirent à son chagrin mais sans trop savoir comment lui venir en aide. À la fin, toujours pleurant, elle s’est résolu à confier sa peine au chef de la sûreté Carpenter.

Mme Simpson est mince et gracieuse, teint de blonde et cheveux châtain sombre. Son certificat de mariage peut seul empêcher qu’on ne la prenne pour une jeune fille.

Elle vient du Nord de l’Irlande et demeure au Canada depuis quatre ans. Son origine se trahit par un accent de l’Hibernie qui n’est pas désagréable à entendre.

Elle ne veut pas croire que son mari l’ait abandonnée.

Le Canada (Montréal), 15 juillet 1903.