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Le journaliste Jules Fournier se retrouve à Gainneville, près du Havre, en France (premier de deux billets)

Je vous disais qu’au printemps 1910, le journaliste Jules Fournier, que j’aime beaucoup, gagne la France pour un voyage d’information.

Voilà qu’il se retrouve parmi un groupe d’agriculteurs après une rencontre politique. Il raconte.

À l’une de mes questions, l’un de mes interlocuteurs s’aperçut que je n’étais pas de Gainneville […].

— Vous êtes sans doute du Havre, me dit-il

— Non, fis-je vaguement.

— Ou alors vous êtes de Saint-Laurent (Saint-Laurent, ici, c’est la commune voisine).

— Non plus. Devinez…

— Mais enfin, vous êtes du « pays » (de la région) ?

— Oui… c’est-à-dire… je suis de Montréal.

—Montréal ?… Vous êtes du Canada ?…

Mon homme reste rêveur et, après quelques mots, s’esquiva, cependant que je continuais la conversation avec son voisin. Mais bientôt je le vis revenir au milieu d’un groupe nombreux, qui peu à peu m’entoura.

— C’est vrai que vous êtes du Canada ? me dit d’un air d’extrême curiosité l’un des nouveaux venus.

— Moi oui, tout ce qu’il y a de plus vrai.

— Ah !…

Et il s’arrêta.

 Les autres, non plus, ne disaient mot. De voir un « Canadien », là, parmi eux, à Gainneville, cela les remplissait évidemment de stupéfaction tout autant que de plaisir. Puis, soudain, ce fut une grêle de questions.

 

Poursuivons demain.

 

La Patrie (Montréal), 25 mai 1910.

L’illustration provient du site internet de la commune de Gainneville.

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