« L’âme des Logis »
Ce sont les souvenirs de joie,
Les échos, les parfums surgis
Devant le foyer qui rougeoie;
C’est quelque lointain réveillon
Qu’on fit un beau soir de décembre;
Un saint fêté dans un salon,
Un enfant né dans une chambre;
C’est un geste câlin tapi
Dans les coussins d’une bergère,
Un sillon sur un tapis,
Un rayon sur une étagère;
C’est un poème récité
Par une voix amie et chaude;
C’est la brise de l’autre été
Qui, du balcon, remonte et rôde;
C’est le tableau toujours présent,
Des scènes douces qui passèrent
Depuis des jours, des mois, des ans,
Dans ce cadre aux lignes sincères;
C’est tout cet ensemble sacré
Qui fait, à travers l’existence
Les murs et les objets parés
Du manteau de nos souvenances !
Voilà pourquoi sont froids au cœur
Ces logis neufs où l’on pénètre :
Il y manque cette chaleur
Ancienne, qu’il faut à notre être;
Et leur abri n’a de douceur
Et de tendresse familière
Qu’au jour où le premier bonheur
Vient y pendre sa crémaillère.
Louis Maigue.
La Patrie (Montréal) 22 février 1908.
Référence pour l’image : Marie-Paule, Mon A B C, Album illustré, Québec, rue Arago, Éditions de l’A B, sans date, 47 pages.