« Chanson des bois »
Où donc allez-vous, mon beau fiancé ?
Je m’en vais au fond des bois nuancé
De vert et de rouge.
Vers la solitude où courent le daim
Et l’ours et l’élan qui bondit soudain
Quand le chasseur bouge.
Quand reviendrez-vous, mon beau fiancé ?
Quand la brise aura de nouveau bercé
Les nids de javelles,
Quand, dans les grands bois qu’auront fui les loups,
Les chênes mettront dans tes grands yeux doux
Des ombres nouvelles.
Qu’apporterez-vous, mon beau fiancé,
À l’enfant des bois dont le cœur blessé
Va compter les lunes ?
Des peaux de renards et de cariboux,
Des colliers plus bleus que l’œil des hiboux,
Pour tes tresses brunes.
Gonzalve Desaulniers.
La Patrie (Montréal), 15 février 1908.
On trouvera un certain nombre de billets de l’avocat et journaliste Gonzalve Desaulniers (1863-1934) sur ce site.