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Un Canadien français fondateur de St. Johnsbury, dans le Vermont ? Et voir, plus bas, la description de sa tempête de neige

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Le Sorelois du 19 novembre 1886 écrit : Il y avait 100 ans le 1er novembre qu’un Canadien français illustre, M. le chevalier Jean de Crèvecœur, fondait la ville de St. Johnsbury, Vt.

Qu’est-ce que cette histoire ? Aurions-nous échappé un héros ?

Cette ville du Vermont, connue de beaucoup de Québécois, se trouve à 77 kilomètres au sud de la frontière américaine avec le Québec. En 2006, le National Geographic la qualifie de «Best Small Town». La page Wikipédia en langue anglaise de cette municipalité rappelle qu’elle fut fondée vers 1790 par Ethan Allen, qui lui donna ce nom en l’honneur de son ami français Jean de Crèvecœur.

Jean de Crèvecœur (1735-1813), lui, né à Caen, sera militaire cartographe dans l’armée de Montcalm de 1755 à 1759, et on ne lui connaît aucune autre présence en Nouvelle-France. Il habitera plutôt pendant un moment aux États-Unis. Il publiera en 1784 Lettres d’un cultivateur américain.

Sans doute à l’intention de ses lecteurs français, il y va, par exemple, de quelques paragraphes sur ce qu’est une tempête de neige en Nouvelle-Angleterre :

Bientôt le vent du nord-ouest (ce grand messager du froid) cesse de souffler; l’air s’épaissit insensiblement, il prend une couleur grise; on ressent un froid qui attaque les extrémités du nez et des doigts; ce calme dure peu; le grand régulateur de nos saisons commence à se faire entendre; un bruit sourd et éloigné annonce quelque grand changement.

Le vent tourne au nord-est; la lumière du soleil s’obscurcit, quoiqu’on ne voit encore aucun nuage; une nuit générale semble approcher, des atomes imperceptibles descendent enfin; à peine peut-on les apercevoir; ils approchent de la terre comme des plumes dont le poids est égal à celui de l’air. Signe infaillible d’une grande chute de neige.

Quoique le vent soit décidé, on ne le sent pas encore; c’est comme un zéphyr d’hiver; insensiblement le nombre ainsi que le volume de ces particules blanches devient plus frappant, elles descendent en plus grands flocons; un vent éloigné se fait de plus en plus entendre, accompagné comme d’un bruit en s’approchant.

L’élément glacé si fort attendu paraît enfin dans toute sa pompe boréale; il commence par donner à tous les objets une couleur uniforme. — La force du vent augmente, le calme froid et trompeur se change soudain en tempête, qui pousse les nues vers le sud-ouest avec la plus grande impétuosité : ce vent hurle à toutes les portes, gronde dans toutes les cheminées, et siffle sur tous les tons les plus aigus, à travers les branches nues des arbres d’alentour. — Ces signes annoncent le poids, la force et la rapidité de l’orage.

La nuit arrive, et l’obscurité générale augmente encore l’affreuse majesté de cette scène : scène effrayante pour ceux qui ne l’ont jamais vue. Quelquefois cette grande chute de neige est précédée par un frimas qui, comme un vernis brillant, s’attache à la surface de la terre, aux bâtiments, aux arbres et aux palissades. — Phénomène fatal aux bestiaux ! Mélancoliques et solitaires, ils cherchent quelque abri et, cessant de brouter, ils attendent le dos au vent, que l’orage soit passé.

Quel changement subit ! du soir au lendemain , le tableau de l’automne a disparu; la nature s’est revêtue d’une splendeur universelle; c’est un voile d’une blancheur éclatante, contrastée par l’azur des Cieux. — Des chemins bourbeux et pleins de fange deviennent des chaussées glacées et solides. Que dirait un Africain, à la vue de ce phénomène du nord : lui qui a passé sa vie à trembler sous les éclairs, sous les foudres du tropique, et à brûler sous son soleil vertical ?

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