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Joliette avant la lumière électrique dans les rues

lanterneLe journaliste de la Gazette de Joliette du 15 octobre 1891 se réjouit de l’arrivée de l’électricité et nous ramène au temps d’auparavant.

Chaque jour, il nous est donné d’en apprécier de plus en plus l’efficacité. […] Avant l’adoption de notre système actuel d’éclairage électrique, quel piètre coup d’œil notre centre commercial n’offrait-il par exemple le soir ?

À peine le soleil s’était-il couché à l’Occident que nous étions comme dans les limbes.

Il fallait pour ne pas s’exposer à s’y casser le cou se munir d’un fanal embarrassant, rien que pour se rendre chez le plus proche marchand.

Joliette à cette époque, la nuit, représentait bien en miniature l’image fidèle du Chaos, avec ses rues ténébreuses où, de loin en loin, on n’apercevait pour se guider que la lumière indécise et pâle d’un falot.

Et l’automne, quand la pluie avait détrempé les chemins, que le vent soufflait avec rage, quand pas une étoile ne scintillait au firmament, il ne faisait pas bon de se hasarder hors de la maison.

On en était forcément réduit à rester stoïquement au coin du feu sous peine d’une foule de petits désagréments.

La ville alors à neuf heures sonnées du soir ne donnait guère signe de vie devenant silencieuse comme un cimetière. Toute animation s’y trouvait momentanément suspendue; la population tout à coup semblait frappée de léthargie.

Cela n’était pas de nature à nous faire grand honneur, ni à donner aux étrangers qui nous visitaient une fort favorable idée de notre avancement.

Heureusement ces temps-là sont finis, passés, écoulés et espérons-le à tout jamais. Ils étaient si sombres après le crépuscule du soir.

Aujourd’hui, qui oserait nier et contester cela, vaut infiniment mieux qu’hier, au point de vue de l’éclairage nocturnal de notre petite ville.

Hier, nous venons d’en faire la remarque, c’était les ténèbres épaisses, aujourd’hui c’est la lumière claire à profusion.

La différence saute aux yeux.

La lumière électrique fait à minuit le même office que le soleil à midi.

 

L’illustration d’une lanterne de fer blanc ou falot de galerie vers 1740 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Collection de dessins d’outils du XVIIIe siècle, cote : P178,D16.

Contribution à une histoire de la nuit au Québec. À quand donc cette histoire ?

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