Un brin d’histoire sur Java, bien sûr orientée
Après l’éruption du Krakatoa, on constate maintenant en partie les dégâts. Mais qui de ce côté-ci du monde connaît l’ensemble de ces îles — les Indes néerlandaises — propriété de la Hollande jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ? Le quotidien de Québec, Le Canadien, s’y arrête le 1er septembre 1883.
Ici, nous ne connaissons pas beaucoup Java et, pour la plupart des habitants de notre continent, les noms des villes et résidences de la «Reine de l’Archipel oriental» ne sont que des expressions géographiques, dont l’orthographe blesse l’oreille. Mais Java est remarquable, tant en raison de sa grande population et de ses immenses richesses naturelles, que parce qu’elle est le siège de la plus prospère colonie que jamais nation d’Europe ait pu établir.
Les Hollandais sont proverbialement bons colons et la meilleure preuve qu’ils n’ont pas volé leur réputation, c’est la manière dont ils ont administré Java, tout à l’avantage de la Hollande. Ils ont non seulement créé un grand commerce à Java, mais ils ont de plus réussi à en prendre le monopole pour la plus grande partie et, tout en développant considérablement la prospérité de l’île, ils ont su en faire bénéficier leurs compatriotes.
Le commerce de Java était insignifiant lorsque la Grande-Bretagne remit l’île aux Hollandais en 1816 et il demeura tel jusqu’en 1824, époque à laquelle le roi Guillaume 1er accorda à la compagnie de commerce de la Hollande, qui avait un capital de trois millions de livres sterling, une charte l’autorisant à faire commerce dans les Indes Orientales Hollandaises et à agir exclusivement comme agent du gouvernement hollandais pour l’importation de produits coloniaux. […] Après 1830, la compagnie réalisa des profits énormes, à tel point qu’elle put relever le gouvernement de ses obligations envers elle, et verser des flots d’or dans le coffre de la nation.
Avant la conquête de Java par les Hollandais, la terre appartenait aux princes du sang, et les paysans leur donnaient comme rente le cinquième de leur travail et de leurs produits. Les Hollandais perpétuèrent ce système, en faisant du gouvernement hollandais le seigneur de la terre, et le popularisa en réduisant le tribut du travail au septième.
Ce système n’est pas ce qu’on pourrait imaginer de mieux pour un peuple avancé en civilisation, mais il a eu des résultats pratiques remarquables. L’île est administrée d’après les principes du commerce comme une grande manufacture qui serait la propriété du gouvernement hollandais et dans laquelle les chefs, soit européens, soit indigènes, reçoivent un percentage sur les produits de la localité qu’ils administrent.