Voilà plus de cent ans, il y a de bien grands bateaux qui circulent sur le fleuve Saint-Laurent
Et il est arrivé quelques grandes tragédies, comme celle du Montréal en 1857, tout juste en amont de Québec, qui a fait 253 morts. Aussi demeure-t-on craintif. En août 1882, on est venu bien près.
À minuit et demi, cette nuit, sur le lac St-Pierre, en face de Louiseville, le Québec, de la Compagnie de navigation Richelieu et Ontario, est venu donner de l’avant, pendant qu’il marchait à toute vitesse, contre un des vapeurs d’une autre ligne qui était à l’ancre à cet endroit.
Le choc a été d’une violence telle que le bateau a reviré bout pour bout et est venu se heurter de l’arrière aux parois du vapeur.
Le Québec contenait sept à huit cents personnes. Qu’on s’imagine l’effroi des passagers. Il y eu pendant un quart d’heure une scène impossible à décrire.
La plupart des passagers sommeillaient au moment où a eu lieu la collision. Un certain nombre étaient trop endormis pour pouvoir réaliser la situation. Il y avait des appels au secours, des pleurs, et des cris de désespoir. On s’est empressé d’aller constater s’il n’y avait pas eu quelque trouée. Heureusement, le bordage du vapeur n’avait été que légèrement entamé.
Un quart d’heure après l’accident, tout rentrait dans le calme, mais on n’est pas resté sans de vives inquiétudes à bord.
On ne songe pas sans épouvante aux conséquences affreuses que cet accident aurait pu avoir s’il y avait et voie d’eau. Que de nombreuses pertes de vie ! Quelle noyade !
Maintenant à qui attribuer la faute de cet abordage ?
On prétend qu’il n’y avait pas de lumières suffisantes à bord du steamer.
Nous espérons que la commission du havre saura instituer sur les causes de cette collision une enquête sérieuse, afin que celui qui en est responsable soit connu et châtié comme il le mérite.
Le Canadien (Québec), 17 août 1882.