Les grands départs de pêcheurs pour Saint-Pierre et Miquelon
Le printemps est là. En France, des pêcheurs quittent pour l’archipel français dans le golfe du Saint-Laurent. Le quotidien montréalais La Patrie, du 11 avril 1895, raconte.
Et ils sont nombreux, bien nombreux. Voyez.
Les journaux de Saint-Malo rapportent que le steamer «Château-Lafitte», commandé par le capitaine Chabot, est parti de Saint-Malo pour Saint-Pierre et Miquelon, emportant 1,019 marins pêcheurs engagés sur 55 goélettes de Saint-Pierre.
Le lendemain, partait également le vapeur «Britannia», pour la même destination, avec 1,193 pêcheurs allant rejoindre 69 goélettes et autres bâtiments du grand banc.
Les quais et les remparts de Saint-Malo étaient couverts d’une multitude accourue de tous les points de la côte pour saluer le départ des terreneuviens.
D’autre part, on écrit de Fécamp :
«Depuis quelques jours, le port de Fécamp présente une grande animation par suite du départ de la flotte des navires qui se rendent sur le banc de Terreneuve pour se livrer à la pêche de la morue.
«La flotte fécampoise se compose, cette année, de trente-huit navires qui se mettent en route par groupe de cinq ou six. La moitié a déjà pris la mer.
«Rien n’est émouvant comme les scènes du départ. Toute la population est sur les jetées au milieu desquelles défilent les grands trois-mâts, et c’est du pont des navires à la terre, et réciproquement, un échange de saluts, d’adieux et de souhaits qui ne se termine que lorsque les navires sont hors de vue.
«C’est en somme toute la population valide qui part… et qui trop souvent ne revient pas au complet.»