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La nature, le refuge de George Orwell

George OrwellLe journal Le Monde, édition du 6 avril 2016, cahier Sciences et médecine, propose un dossier sur La grande crise des amphibiens, préparé par le journaliste Nathaniel Herzberg. Ce texte d’écologie a pour sous-titre : Les amphibiens souffrent d’une mondialisation des maux qui les affligent. Ils sont notamment victimes des attaques de champignons contre lesquels la lutte s’annonce difficile. L’Américain Vance Vredenburg a identifié ce champignon pour la première fois durant les années 1980 : le Batrachochytrium dendrobatidis fiché sous le diminutif de «Bd».

Les herpétologistes travaillent maintenant ensemble à ce sujet, «une bonne nouvelle» selon Vredenburg. Et le journaliste Herzberg d’échapper :

Reste Bd, celui qui a transformé une mort à bas bruit en crime médiatisé. Au Musée national des sciences naturelles de Madrid, on vient d’annoncer être parvenu, pour la première fois, à soigner des grenouilles malades, puis à les réintroduire dans un étang préalablement désinfecté. À travers le monde, d’autres élèvent les espèces les plus menacées en captivité dans l’espoir de les relâcher le jour venu. Quant à Carly Muletz Wolz, de l’Imperial College de Londres, elle vient d’être primée pour une thèse qu’elle consacre à l’action protectrice de certaines bactéries contre Bd.

À lire pour qui se tient éveillé au sujet de ces petits êtres capables de vivre autant dans l’eau que sur la terre ferme, ayant conservé quelque chose de nos ancêtres très lointains.

* * *

Dans son long article sur les amphibiens, le journaliste Nathaniel Herzberg propose un aparté sur George Orwell (1903-1950), l’écrivain et journaliste anglais auteur de 1984, et La Ferme des animaux.

Ce dernier, d’abord, prend la parole :

Précédant l’hirondelle, précédant la jonquille et peu après le perce-neige, le crapaud ordinaire salue l’arrivée du printemps à sa manière: il s’extrait d’un trou dans le sol, où il est resté enterré depuis l’automne précédent, puis rampe aussi vite que possible vers le point d’eau le plus proche. Quelque chose comme un frémissement dans la terre ou peut-être simplement une hausse de température de quelques degrés lui a signalé qu’il était temps de se réveiller.

Ainsi George Orwell commence-t-il ses «Quelques réflexions sur le crapaud ordinaire», texte publié le 12 avril 1946 dans le bimensuel britannique anglais, Tribune. Son but ? Chanter «un des phénomènes printaniers auxquels je suis le plus profondément sensible» et rendre justice à un animal qui, «contrairement à l’alouette et à la primevère, a rarement reçu la faveur des poètes».

Mais aussi dénoncer ceux qui voient dans l’amour de la nature une faiblesse coupable, faute de «point de vue de classe» pour les uns, par manque de confiance dans le progrès technique pour les autres. Lui en est pourtant convaincu : préserver son amour d’enfance pour les arbres, les poissons, les papillons et… les crapauds «rend un peu plus probable un avenir pacifique».

«Combien de fois suis-je resté à regarder l’accouplement des crapauds, ou deux lièvres se livrant un combat de boxe dans les pousses de maïs, en pensant à tous ces personnages haut placés qui m’empêcheraient d’en profiter s’ils le pouvaient. Mais heureusement, ils en sont incapables.»

 

La photographie de George Orwell apparaît sur la page Wikipédia qui lui est consacrée.

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