Au début des années 1880, on entrevoit des changements dans l’industrie de l’érable
L’hebdomadaire montréalais L’Opinion publique leur fait écho le 30 mars 1882.
À la fin de mars, commence la fabrication du sucre d’érable, dont l’importance grandit tous les jours avec l’augmentation de notre population et la destruction de nos forêts.
L’érablière.— Avant tout, il faut apporter le plus grand soin à l’entretien des érables, en enlevant ceux qui seraient attaqués de chancres, mal conformés, ou trop près les uns des autres et se nuiraient mutuellement, tout en rendant la circulation difficile. […] Cet entretien est de rigueur pour tous les cultivateurs qui veulent obtenir les plus beaux résultats.
Chaudières.— Les auges en bois ont plusieurs inconvénients qui les ont fait abandonner pour les chaudières. Les auges donnent un mauvais goût à l’eau d’érable, facilitent son évaporation par le moindre vent et reçoivent toutes les feuilles qui tombent de l’arbre. Ces auges sont de plus en plus mauvaises à mesure qu’elles vieillissent lorsqu’elles ne sont pas écartées. La fabrication des chaudières de fer blanc est très facile et peut se faire par les cultivateurs eux-mêmes pendant le mois de mars.
Gouttières.— Elles se font généralement en bois, mais nous recommanderions de les faire en fer blanc. […]
Charroi de l’eau d’érable.— Il se fait avec une voiture et un tonneau traînés à bras ou par un cheval. Le charroi à bras est trop fatigant et trop long et, si la sucrerie est bien entretenue et nette de toutes broussailles, un traîneau étroit pourra facilement circuler dans toutes les directions. Près de la cabane à sucre est un immense tonneau servant de réservoir et muni d’un robinet garni d’un petit tuyau débouchant dans les chaudrons à évaporer, de manière à les entretenir continuellement par un petit courant de sève.
Appareils à évaporation.— Généralement, on emploie des chaudrons soit en fonte, soit en cuivre. Le fer noircit le sucre et doit être faïencé pour donner un bon résultat; les chaudières en cuivre doivent également être étamées. Les chaudrons sont placés au milieu de la cabane, et, dans les circonstances, il faut beaucoup de bois pour obtenir l’ébullition. Il serait plus économique d’employer quelques briques, même à sec, à construire une espèce de canal recouvert par trois chaudrons. Le premier recevrait le plus gros feu et le reste de la chaleur serait utilisé au profit des deux autres […].
Aux États-Unis, on emploie avec succès, pour évaporer l’eau d’érable, de grands bacs faits avec une feuille de tôle de huit pieds sur quatre. […]
Fin de la campagne.— Laver avec soin tout l’outillage et le mettre en sûreté; mettre les gouttières et les clous de côté, non seulement afin qu’ils servent l’année suivante, mais encore pour que l’arbre, après l’abatage, n’ébrèche pas les haches ou les scies.
Dans ce texte laborieux, on sent qu’avec beaucoup de tâtonnements, l’acériculture s’en va vers de grands changements.