Dans la série «Poèmes des temps d’hier»
Les jouets délaissés qu’on retrouve, un matin,
Dans le tiroir secret d’une armoire fermée.
Mènent l’âme soudain rajeunie et charmée
Vers le pays d’enfance et son décor lointain.
Voici toute menue et calme dans son lit,
La poupée endormie un soir sous la dentelle;
Nos mains comme autrefois se tendent devant elle,
Et son regard se mêle au nôtre qui pâlit.
Voici les noirs wagons et leurs portières bleues
Qui pour nous attrister déraillèrent exprès,
Voici les grands vaisseaux et leurs frêles agrès
Qui franchirent avec nos songes tant de lieues.
Voici les chênes hauts dont le feuillage vert
Chante un conte allemand plein de la Forêt-noire
Voici les bataillons reposant dans leur gloire
Et des tentes parmi les sables d’un désert.
O jouets bien-aimés de papier ou de cire
Vous êtes les réveils de notre cœur lassé !
Vos débris sont pour nous les morceaux du passé,
Et nous rêvons en pleurs devant votre sourire.
Jean Vignaud
L’Avenir du Nord (Saint-Jérôme), 7 février 1901.
Hommage aux journaux québécois d’il y a un peu plus de 100 ans, en particulier les hebdomadaires, qui trouvaient fréquemment un espace pour y loger un poème, petites bouteilles à la mer tombées dans l’oubli. J’en ai bien mis de côté une soixantedizaine. Il y aurait tout à fait place à une petite publication simple et respectueuse de ces poèmes des temps d’hier.
La photographie prise à Québec en 1901, un prêt de la Librairie Jean Gagnon, apparaît dans l’ouvrage Le jouet dans l’univers de l’enfant, 1800-1925 (Musée du Québec, 1977). Cette publication de 80 pages accompagnait alors une exposition sur ce thème au Musée du Québec (aujourd’hui le Musée National des beaux-arts du Québec), exposition tenue du 17 février au 1er mai 1977.