Décès d’un sculpteur connu surtout à Montréal
La mort de cet artiste fait la une du quotidien La Patrie, le 30 janvier 1903.
Monsieur J. A. Vincent, le sculpteur bien connu, est décédé hier après-midi, à Saint-Lambert, où il résidait depuis deux ans.
Il était malade depuis le mois de septembre dernier.
M. Joseph Arthur Vincent, sculpteur et statuaire, est né à Montréal en 1852, de parents bien connus et très respectés.
Il reçut son éducation aux écoles des Frères de la Doctrine chrétienne. À peine sorti de chez les Frères, à l’âge de 13 ans, il entra en 1865 chez MM. Chs. Dauphin et Bluteau, où il se fit estimer par l’application qu’il apportait à l’étude de sa profession. À l’âge de 18 ans, il fut employé par la maison Chanteloup, comme artiste dessinateur.
En 1880, il dirigea la fonte de la statue de Sir George Étienne Cartier, érigée à Ottawa. Il obtint le premier prix et un diplôme à l’exposition de 1882.
Il est l’auteur de la statue de Jacques-Cartier, à St-Henri de Montréal, et du monument du chevalier d’Iberville, érigée en face de l’église de Ste-Cunégonde.
Mais son œuvre capitale est, sans aucun doute, le superbe baldaquin en bronze, au-dessus du maître-autel de la Cathédrale de Montréal. En 1894, il faisait le voyage d’Europe pour étudier à Rome le baldaquin de l’Église Saint-Pierre qui lui a servi de modèle. Il a travaillé six ans au baldaquin de la Cathédrale, et nous pouvons dire ici que c’est au cours de ces travaux ardus et prolongés qu’il a contracté la maladie qui vient de l’emporter.
Ses dernières œuvres ont été une statue de la vierge pour l’église du Sacré-Cœur, à Ottawa, une statue de la Résurrection pour la porte du cimetière de Hull, et une statue de Sainte Anne pour une église canadienne des États-Unis.
M. Vincent avait épousé Mlle Léonide Hurtubise. Elle lui survit. Il laisse aussi deux filles, Mme Henri Parizeau et Mlle Léontine.
On trouvera ici la biographie de Joseph-Arthur Vincent (1852-1903) dans le riche ouvrage de David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord (Musée du Québec et Presses de l’Université Laval, 1992). Cet ouvrage de Karel (1944-2007) est l’œuvre d’une vie.
