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Voici la Sainte-Catherine (25 novembre)

tiquenne a la tire

En un peu plus d’une centaine d’années, la seule authentique fête québécoise est disparue. Comment expliquer cette perte ? Simple lent désintérêt ? Opposition de l’Église ? Il faudrait sans doute une étude précise à ce sujet. Chose certaine, L’Étoile du Nord, l’hebdomadaire de Joliette, du 27 novembre 1890, y va de ce constat :

Cette ancienne coutume de fêter de la sorte la Ste-Catherine tend cependant aujourd’hui à disparaître. La déchéance de ces divertissements est surtout apparente en un certain nombre de localités, sous l’effort de nos zélés pasteurs qui voient, avec raison, dans ces réunions, des dangers réels pour la moralité de ceux qui s’y livrent.

Mais le 24 novembre 1903, le quotidien montréalais La Patrie fait sa une de la Sainte-Catherine. Et pas question d’évoquer sa disparition, bien au contraire.

La Sainte-Catherine est devenue une fête nationale chez nous. Elle donne satisfaction au profond instinct de sociabilité de la race. La Saint-Jean-Baptiste, avec ses promenades dans le rayonnement du soleil de juin, avec ses drapeaux claquant dans la brise parfumée, est l’affirmation de la communauté nationale. La Sainte-Catherine est plutôt la fête du foyer.

C’est la température, la précoce bordée de neige qui marque habituellement chez nous les derniers jours de novembre, qui a dû donner à la Sainte-Catherine son caractère particulier.

Il faut se rappeler les jours de la petite école pour sentir toute la beauté de la fête; se remémorer les bambins et bambines interrogeant l’horizon et se demandant, comme s’il s’agissait du sort de l’Europe : Va-t-il neiger ? Aurons-nous de la tire ?

S’il, neige, si l’on fait de la tire, quelle gaieté folle, quelle belle journée, quelle popularité pour la jolie institutrice qui a eu le bon goût de donner une fête à la tire ! […]

Que de romans délicieux, que de jolies idylles sont nées de la Sainte-Catherine ! Et pour combien, la fête des Vieilles Filles n’a-t-elle pas été plutôt la fête de l’Amour ?

Et le spectacle est toujours ravissant des jeunes gens étirant les souples chaînes dorées ou mordant à belles dents dans les bonbons tentateurs.

Au fond, la Sainte-Catherine se résume en un hommage au génie profondément sociable de notre race, à notre besoin de gaieté, à la souveraineté de l’arbre national : l’érable, donnant à ses fidèles la plus délicieuse des friandises.

Pour ceux qui ne la célèbreront pas ce soir, elle reste l’écho délicieux et regretté de la jeunesse et de la famille, le souvenir du lointain bonheur.

* * *

Voici une recette de tire Sainte-Catherine que j’extrais du libre broché des Guides catholique du Canada (secteur Français), Notre héritage canadien-français, Montréal, sans date.

Ingrédients

1 tasse de mélasse

½ tasse de sucre

¼ tasse d’eau

1 cuillérée à table de beurre

½ cuillérée à table de vinaigre

1/16 cuillérée à thé de bicarbonate de soude

 

Préparation

Faire cuire tous les ingrédients jusqu’à l’obtention d’une boule dure dans de l’eau froide. Relever du feu. Ajouter le soda et bien mêler. Puis verser dans un plat graissé. Laisser refroidir; étirer rapidement jusqu’à ce que la tire offre une belle couleur blonde. Couper, et conserver au frais.

 

Au début, et pendant longtemps, on utilisa le sucre d’érable plutôt que le sucre blanc dans la recette.

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