Le «chant» de la fin d’octobre
Sur ce site, au cours des dernières semaines, nous avons vu des textes d’auteurs heureux de l’automne. Mais on ne pourrait nier que certains sont gagnés par la tristesse lorsqu’arrive ce temps de l’année. Voyez ce chroniqueur anonyme.
Nous sommes aux derniers jours d’octobre. La nature a remplacé sa riante parure d’été par une sombre livrée. Sous l’influence des vents âpres et froids, les fleurs de sa couronne se sont fanées, et les feuilles desséchées jonchent maintenant la terre.
Les grandes futaies ont pris ces tons tristes et sévères qui annoncent la fin des beaux jours. Les montagnes s’enveloppent d’un manteau de brume, et, noyées dans ce brouillard, elles apparaissent comme de lointains fantômes.
Les voix qui, de l’aurore au crépuscule, chantaient les louanges de Dieu, ne se font plus entendre. Nos musiciens ailés se sont enfuis. Arrivés avec les zéphyrs, ils se sont envolés au premier froid, et vont animer d’autres contrées plus favorisées par le soleil.
Tout dans la nature a un commencement et une fin; le chêne altier d’abord petite plante, puis arbre vigoureux, tombe de vétusté; l’oiseau, l’insecte ont une durée éphémère, la nature elle-même meurt tous les ans; mais c’est pour renaître, plus brillante, plus belle que jamais.
L’homme, lui aussi, a son automne dans la vie.
Lorsque toutes ses illusions se sont envolées, que toutes ses joies, toutes ses affections l’ont précédé dans la tombe, il se sent mourir. Tout est froid, glacé autour de lui. Adieu espérances, rêves de bonheur, ces mirages se sont évanouis; mais il lui reste au cœur une pensée qui le soutient et l’encourage, celle de l’Éternité.
Heureux, a dit Chateaubriand, si, comme le cygne, l’homme quitte la terre sans y laisser d’autres débris et d’autres souvenirs que quelques plumes de ses ailes.
La Patrie (Montréal), 28 octobre 1905.
Pour adoucir ce propos, voici deux bouquets, tout à fait naturels, chez moi en ce moment.