L’automne n’est pas que tristesse, voyons
J’aime bien le chroniqueur Léon Ledieu. Ce natif d’Arras, en France, a fait un jour le choix du Québec. Dès que je le peux, je le cite, et vous allez le retrouver sur ce site à maintes reprises. Ici, dans Le Monde illustré du 18 octobre 1884, il prend la défense de l’automne québécois.
Mais l’automne a ses plaisirs comme les autres saisons.
Entendez-vous dans la forêt : pan, pan !… Entendez-vous sur les grèves, dans les champs, sur les rivières : pan, pan, pan !…
Quelles fusillades suivies de nuées d’oiseaux, gibier de toute sorte, qui se dispersent aux quatre coins de l’horizon !
C’est la guerre déclarée aux bécasses, bécassines, perdrix, macreuses, sarcelles, canards sauvages, etc., c’est la guerre aux chevreuils, caribous, castors, visons, loutres, lièvres, rats musqués, etc.
Ce que l’on en tue de ces pauvres bêtes ! ce que l’on se vante d’en tuer surtout !
Le soir, quand on a déposé le carnier et le fusil, après un bon souper, les jambes allongées, les pieds près du feu, le bon chien couché à côté, ce que l’on en conte de hauts faits de chasse, ce que l’on en débite d’histoires qui n’ont jamais existé que dans le cerveau des disciples de saint Hubert !
Allons, l’automne a encore du bon.
C’est le moment béni du cultivateur dont les granges regorgent de grains, comme cette année; on va à la ville vendre ce qu’ont produit les champs; l’argent abonde à la maison, on paie les dettes, on achète vêtements, chevaux, voitures pour s’amuser pendant l’hiver.
C’est l’abondance.
Vive l’automne, alors !
La gravure est extraite du journal L’Opinion publique (Montréal) du 26 décembre 1872.