Les pêcheries de Saint-Pierre et Miquelon
Le 17 septembre 1904, le quotidien montréalais La Patrie reproduit un texte du journaliste français Robert de Caix de Saint-Aymour (1869-1970) sur les pêcheries de Saint-Pierre et Miquelon. Contribution à l’histoire de cet endroit habité par nos cousins.
La morue qui vient à Saint-Pierre a deux origines : la grande et la petite pêche. La première est faite sur les bancs par les goélettes de l’armement local, au nombre de 147 cette année. Ces petits navires, jaugeant en général un peu moins de 90 tonneaux, embarquent en moyenne 18 hommes.
Tout ce personnel ne se trouve pas dans la colonie, qui ne fournit guère que 300 à 400 marins «banquiers» et vient chaque année de France, surtout de Bretagne. C’est ainsi que, chaque printemps, dans le courant d’avril, 2,500 à 3,000 marins sont débarqués à Saint-Pierre par des vapeurs de Saint-Malo. À l’automne, les désarmements se répartissant sur une assez longue période, ces hommes retourneront en Bretagne sur les voiliers prêts à partir au moment de leur libération.
La petite pêche se fait par des moyens bien moindres. Devant sa maison de planches, le pêcheur a une «échourie», c’est-à-dire un espace de galets sur lequel un cabestan remonte son embarcation. Cette dernière est un «doris» ou un «warys», petit bateau à fond plat, ne différant que par la taille, qui, depuis une quarantaine d’années, ont [sic] complètement remplacé les anciens modèles dans les pêcheries de Terre-Neuve.
Très marins, les doris ont l’avantage d’être légers, de s’emboîter les uns dans les autres et de former sur le pont des goélettes une pile aussi peu encombrante que possible. Le petit pêcheur n’a aucune peine à les monter sur son échourie et à les mettre à flot. Chaque doris demande deux hommes : en 1903, la colonie a armé 418 de ces embarcations, dont 54 pour le French Shore.
Quelques petits pêcheurs se font, en effet, transporter en goélette sur la côte de Terre-Neuve. D’autres vont estiver moins loin dans les anses de l’ouest de l’île Saint-Pierre ou à Langlade.
La plupart conservent comme point d’attache leur maison.
Le groupe le plus intéressant de la petite pêche est celui de l’île aux Chiens, à l’entrée de la rade. Là vit une population d’environ 500 personnes, gens âpres au gain, économes, fort différents en général des autres pêcheurs, imprévoyants et endettés.
Ce sont des Normands de l’Avranchin, surnommés les «pieds rouges», parce que, dans leur pays, on s’en va jambes nues tendre des lignes dormantes sur les grèves du mont Saint-Michel.
Sur Saint-Pierre et Miquelon, vous retrouverez ici seize billets.
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