Voilà les premières fraises !
Bien oui, le journal Le Soleil, de Québec, nous l’annonce le 8 juillet 1909. Et elles viennent de l’île d’Orléans.
Le vapeur Champion est arrivé, ce matin, avec de nombreuses caisses de fraises, de 60 cassots chacune. Ce sont les premières et se vendent 15 centins le cassot. La récolte des fraises sera excellente et la semaine prochaine les ménagères les paieront au plus la moitié du prix actuel. C’est surtout sur l’île d’Orléans qu’elles sont abondantes et les amateurs de bonnes confitures feraient bien de surveiller l’arrivée du vapeur Champion, les mardis, jeudis et samedis, pour leurs provisions. Il y avait aussi à bord du poisson en abondance, venant de Berthier et St-Michel, surtout du poisson blanc et de l’esturgeon.
Bien sûr, les fraises, on aime les manger fraîches, avec du sucre et de la crème. En pudding également, comme les Anglais nous l’ont appris. Mais on s’efforce aussi de prolonger l’été, en les transformant en confiture, bien vieille manière française de faire.
Le poisson blanc, mentionné ici, est l’autre nom du Corégone (Coregonus clupeaformis, White fish), à chair blanche, fort aimé des populations, qui se déguste poché ou nappé d’une béchamel. Les Indiens Cris l’appellent Atti-ka-mek. Dans son ouvrage Les poissons de nos eaux (Montréal, Librairie Granger Frères, 1936), le naturaliste Claude Mélançon écrit : Sa nageoire adipeuse et autres détails anatomiques le classent parmi la tribu des Salmonidés, et la délicatesse de sa chair, vantée par le P. Marquette, Cavelier de la Salle et autres explorateurs qui s’en nourrirent pendant des mois sans se lasser, lui donne une grande valeur commerciale. Avec Louis Jolliet, on considère le jésuite missionnaire Jacques Marquette et Robert Cavelier de La Salle comme les découvreurs du Mississippi, ce grand fleuve qui se jette dans le golfe du Mexique.