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Joliette, une communauté sans corps policier, la nuit

policier

La bête humaine est ainsi faite qu’il nous faut malheureusement la police, nuit et jour, semaine et dimanche, sitôt que la communauté à laquelle on appartient a quelque importance.

La petite ville de Joliette en sait quelque chose et l’hebdomadaire local, L’Étoile du Nord, du 25 juillet 1885, s’impatiente.

Enfin il paraît que notre bonne vieille ville de Joliette va comprendre qu’il est temps pour elle comme pour toutes les autres villes qui se respectent de protéger un peu la vie et la propriété de ses habitants, en nommant des gardiens chargés de faire la surveillance durant la nuit sur nos principales rues commerciales. […]

Il y a longtemps qu’une ville comme Joliette devrait être munie de gardiens de nuit. Personne n’est plus en état de le comprendre que les très nombreuses victimes des vols et des dégâts les plus audacieux qui se commettent presqu’à chaque semaine au sein même de notre ville.

La requête actuellement devant le comité [un comité spécial créé par le conseil de ville] est signée par plusieurs marchands dont les magasins ont déjà été enfoncés, pillés et dévastés par les rodeurs de nuit. Il n’était pas besoin, ce semble, d’attendre les tristes leçons qui nous ont été données durant l’hiver et le printemps dernier pour nous convaincre que le vol devient à l’ordre du jour si l’on ne prend les moyens de le prévenir.

Que l’on mette donc fin une bonne fois à ces vols et à ces brigandages qui finiront par rendre le séjour dans Joliette peu enviable. Pour cela, que l’on vote la mesure actuellement demandée par les marchands ! Que l’on nomme des gardiens de nuit pour les principales rues commerciales, en attendant que le Conseil ne juge à propos d’organiser tout un corps de police nocturne.

En vérité jamais réforme n’aura été attendue avec plus d’impatience et accueillie avec plus de satisfaction de la part du public. Il en coûtera peu pour cela. Et, en retour de ces quelques piastres que la Corporation devra payer pour la surveillance durant la nuit, les honnêtes citoyens de cette ville pourront se coucher et dormir tranquillement sur leurs deux oreilles, sans trop craindre de trouver le lendemain matin leurs propriétés et leurs demeures pillées et saccagées.

 

La gravure du policier apparaît dans L’Opinion publique (Montréal) du 30 juin 1881.

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