La feuille de saule
La jeune femme qui rêve accoudée à sa fenêtre, je ne l’aime pas à cause de la maison somptueuse qu’elle possède au bord du fleuve Jaune;
Mais je l’aime parce qu’elle a laissé tomber à l’eau une petite feuille de saule.
Je n’aime pas la brise de l’est parce qu’elle m’apporte le parfum des pêchers en fleurs qui blanchissent le Montagne Orientale;
Mais je l’aime parce qu’elle a poussé du côté de mon bateau la petite feuille de saule.
Et la petite feuille de saule, je ne l’aime pas parce qu’elle me rappelle le tendre printemps qui vient de refleurir;
Mais je l’aime parce que la jeune femme a écrit un nom, dessus, avec la pointe de son aiguille à broder, et que ce nom, c’est le mien.
Un texte du poète chinois Tchan-Tiou-Lin. Extrait de l’ouvrage de Judith Gautier (1845-1917), Le livre de jade, Paris, Plon, 1933.
Tout en délicatesse et d’un romantisme suave…
J’aime beaucoup la littérature chinoise ou japonaise. Toujours, dirait-on, on va à l’essentiel, avec finesse, raffinement. Et beaucoup des leurs, lorsqu’ils prennent la plume, montrent une belle âme.
Votre commentaire à Esther me fait penser un peu à ce que vous me disiez un jour sur l’art de la photographie. L’importance du fond qui fait ressortir l’essentiel au premier plan. La plume asiatique semble maîtriser ce style à merveille. Je crois aussi que c’est pour eux un art de vivre.
J’ajoute cet auteur à ma liste.
Merci cher Jean
C’est bien vrai ce que Vous dites, chère Silvana.