Mars ne cesse de fasciner
Vous le savez si vous fréquentez ce site, il y a un peu plus de cent ans, on consacrait régulièrement des articles à la planète Mars. L’hebdomadaire montréalais Le Bulletin, du 14 juillet 1907, s’y lance à son tour.
La rouge étoile que les anciens ont baptisée du nom du dieu de la guerre et que Dante nous décrit comme la demeure céleste des âmes des Croisés, est en ce moment l’objet d’une indiscrète enquête de la part des mortels habitants de la Terre.
Les savants astronomes qui font la gloire des grandes universités anglaises et américaines, ont pris l’occasion du fait que la planète «Mars» a dévié quelque peu de sa route azurée dans ses pérégrinations à travers le monde des étoiles et qu’elle s’est ainsi rapprochée de la Terre d’une façon notable, pour prendre un «instantané» du mystérieux globe céleste. Le 6 juillet, «Mars» se trouvait à une bagatelle de 38,000,000 de milles de notre planète. C’est sa limite.
Ce fait n’est pas de nature à troubler les conférences des diplomates, à La Haye, qui ne voient dans le voisinage de «Mars» aucun présage de guerre, mais pour la science, c’est une autre affaire. [Camille] Flammarion soutient que la planète «Mars» est habitée et qu’un monde d’être humains grouille à la surface de cette sphère énorme. Les savants se sont montrés d’abord incrédules et ont voulu voir par eux-mêmes.
Mais le moyen de vérifier la théorie de Flammarion ?
Depuis longtemps, on organise des voyages dans la lune, mais il n’y a pas de service de tramways jusqu’à «Mars».
Des forêts de télescopes se sont élevées vers le ciel de tous les points élevés de la terre, et depuis vingt ans on cherche le jour et la nuit à percer le mystère, qui enveloppe ce monde inconnu; mais sans succès, sauf que l’on a vu — oh ! très bien vu ! — des constructions géantes, qui avaient l’air de canaux.
Cette année, les savants qui connaissent tout savaient que «Mars» se rapprocherait de la Terre, à quelques portées de canon seulement — tout dépend du canon !
C’était le moment souhaité.
Vite on s’arma d’une caméra et on croqua au passage la binette du voisin. À l’aide de la photographie stéréoscopique, on est parvenu, dit-on, à obtenir des clichés merveilleux où se dessinent nettement les fameux «canaux» de la planète.
Et dire que les habitants de «Mars» ne se doutent pas que les pygmées de la Terre sont en train de leur arracher leur secret.
Il n’est tout de même pas probable que nous recevions un message de «Mars» cette année encore. Qu’importe puisque la science est satisfaite.
L’illustration du sol rocheux de Mars vu par l’engin motorisé Mars Pathfinder en septembre 1999 apparaît sur le site du Jet Propulsion Laboratory du California Institute of Technology.