Panique à Québec, la Citadelle est en feu ! (second billet de deux)
Citant le quotidien de Québec, Le Canadien, du 7 juillet 1887, nous traitions hier d’un incendie à la Citadelle qui a beaucoup fait craindre la population de Québec. Le lendemain, 8 juillet, le journal y revient avec un bilan de l’événement.
Voici une foule de petits détails sur l’incendie de la nuit dernière à la Citadelle, qu’il était impossible de recueillir avant aujourd’hui tant les esprits étaient préoccupés et bouleversés même pendant la catastrophe, et que nos lecteurs seront sans doute bien aises de connaître.
Et disons pour commencer que nous ne comprenons pas les difficultés qu’éprouve à pénétrer dans la citadelle tout individu qui s’exprime en français. Nous avons vu la nuit dernière et aujourd’hui des gens de partout, et même un quaker du Far West, être admis assez facilement, tandis qu’il a fallu à d’autres personnes qui avaient beaucoup plus de titres à cette faveur parlementer une heure avant d’entrer. Il est vrai que les premiers s’exprimaient en anglais.
Sur ce, passons.
Les bâtiments incendiés, qui n’étaient terminés que l’an dernier, avaient été commencés aux premières élections générales qui eurent lieu sous le régime de la confédération. […]
L’école de cavalerie du lieut.-colonel Turnbull a perdu 23 chevaux et leurs selles, ce qui fait une perte d’environ $5,000. Ces nobles bêtes ont été carbonisées.
On a fait l’impossible pour les arracher à la mort, et l’on y aurait peut-être réussi en leur enveloppant la tête dans quelque chose afin qu’elles ne vissent pas les flammes. Mais celles-ci et les crépitements du feu les affolaient tellement qu’elles reculaient dans le brasier au lieu de suivre ceux qui tentaient de les sauver. […]
Pendant l’incendie, les pompiers ont déployé environ 3,000 pieds de boyaux et ils avaient cinq jets d’eau à leur disposition, deux alimentés par la pompe placée près d’une citerne et trois alimentés par l’aqueduc.
Il est fort heureux qu’ils aient réussi à préserver l‘immense bâtisse en bois qui sert de théâtre et qui se trouve à droite de l’entrée de la Citadelle, ainsi que la grande quantité de bois de chauffage qui entoure la poudrière, qui a causé tant d’alarmes et qui se trouve à deux pas de l’endroit où le feu s’est déclaré. […]
La frayeur de ceux qui appréhendaient une catastrophe sans trop savoir pourquoi était donc bien motivée, et ceux qui ont pris la fuite n’ont pas été les moins sages.
Nombre de gens du quartier Champlain [à la basse-ville, au pied de la Citadelle] s’étaient mis en sûreté en traversant à Lévis, et les bateaux passeurs, qui ont traversé toute la nuit à toutes les quinze minutes, ont été encombrés à chaque voyage. Par contre, il ne manquait pas de gens de Lévis qui venaient voir l’incendie de plus près. Un grand nombre de personnes se sont enfuies sur les chemins de Ste-Foye et de Beauport. On a vu des femmes fuir à peine vêtues et portant des enfants dans leurs bras.
Enfin, l’effarement a été plus général qu’on ne le pense, et plus d’une personne doit en ressentir les effets aujourd’hui.
La vue aérienne de la Citadelle de Québec prise vers 1930 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Photographies, cote : P600, S6, D1, P181.