À L’Islet, la légende du rocher Panet
L’Islet est une municipalité de la Côte-du-Sud, sur les bords de l’estuaire du Saint-Laurent, entre Cap-Saint-Ignace et Saint-Jean-Port-Joli.
À cet endroit, à marée basse, on aperçoit pas très loin du littoral le rocher Panet, qui a donné lieu à une légende. La Patrie du 15 juin 1907 donne la parole à J. T. Jamnet à ce sujet.
Une misérable, dont la légende a étouffé le nom et la honte, avait osé vendre au démon, en échange de déshonorantes passions, son âme immortelle et ses éternelles félicités. L’esprit impur ne parut pas satisfait du marché; il voulut aussi posséder le corps de son infortunée victime. Abusant de sa puissance, son infernale malice la jeta sur le rocher qui ne présentait pas l‘aspect triste d’aujourd’hui : on eut dit une émeraude flottant sur les ondes, étalant la verdeur des arbrisseaux et les teintes des fleurs. Mais sitôt que le pied maudit la vint toucher, les corolles se replièrent flétries, les arbrisseaux périrent desséchés !
Depuis plusieurs semaines d’angoisses et d’épouvantes, elle était là, cheveux épars, secouant des bras noircis, clamant plus fort que les vagues. Souvent dans l’exaltation et les crises de désespoir, la malheureuse se précipitait éperdue au milieu des flots, et les flots effrayés la remettaient soudain sur son rocher et s’enfuyaient d’horreur !
Le dernier siècle était à son aube. La paroisse de L’Islet avait alors pour pasteur M. le curé Panet, frère de l’archevêque de Québec. C’était, dit la légende, presque un vieillard : taille haute, visage émacié par la pénitence, chevelure blanche et flottante, toute sa personne faisait penser aux vieux moines de la Thébaïde.
Un groupe de paroissiens, un jour de consternation, accourt vers lui le conjurer de rendre la paix au village en adjurant le diable de livrer sa victime et de retourner à son éternel supplice.
Le pasteur se rend aux prières de ses paroissiens, il se dirige en esquif vers le terrible rocher, au milieu des vagues hurlantes. Tout L’Islet est sur la rive, les uns immobiles d’horreur, les autres le front dans le sable, récitant avec ferveur les psaumes de la pénitence.
Le prêtre, en abordant au rocher, récite avec force les foudroyantes prières de l’exorcisme, auxquelles le diable terrorisé se voit contraint d’obéir en maudissant. L’esprit malin sort du corps de la possédée et, lorsque la lionne rugissante, devenue brebis docile, se mit à suivre les pas du Pasteur, un long cri de triomphante admiration, sortant de toutes les poitrines, alla expirer jusqu’au rocher.
Sur la photographie prise en avril sur la plage à L’Islet, on aperçoit, à gauche, pas très loin du littoral, le petit rocher Panet sur lequel on arrive à distinguer une croix.
À la recherche d’informations supplémentaires sur ce fameux rocher, j’interroge internet qui m’amène à une page où… je découvre des parties du texte ci-haut en copie assez conforme, dans un récit plus élaboré… Récit extrait de « Croquis laurentiens », dit-on en bas de page. Écrits par le Frère Marie-Victorin et publiés en 1920. Votre article de journal est daté de juin 1907… Me voici étonnée pour ne pas dire… interdite.
Le texte dont je fais mention est ici(mais vous possédez peut-être le livre en question): http://pages.videotron.com/norac50/Legende3.htm
Je connaissais ce texte de Marie-Vic. Et je ne comprends pas trop votre propos. Dans son ouvrage de 1920 — et le billet d’internet le dit bien — le bon frère cite le texte de Jamnet, qu’il nous présente sous le nom de Jemmat. Sans doute que le frère avait copie de la brochure en question. Et il donne le crédit à l’auteur du texte. Peut-être y a-t-il erreur de La Patrie sur le nom de Jamnet. Tout me semble bien simple.