Les salles de danse sont des lieux de perdition pour la jeunesse

L’histoire se passe à Québec, dans Saint-Malo, voisin de Saint-Sauveur. Le curé Bouffard veut «dresser» sa population de condition modeste. Le journal La Patrie du 27 mai 1903 fait écho à une des luttes qu’il mène.

Monsieur le curé [Joseph-Herménégilde] Bouffard de la paroisse St-Malo a entrepris une campagne contre les salles de danses qui existent dans la localité, et qui ne sont ni plus ni moins que des lieux de perdition pour la jeunesse.

Or, dimanche dernier, comme il avait annoncé en chaire qu’une danse que l’on avait annoncée pour le soir même dans une de ces salles publiques, n’aurait certainement pas lieu, la foule s’était attroupée à l’endroit indiqué pour voir ce qui allait se passer.

Un certain détachement de police qui s’était rendu auprès de ce sanctuaire de Terpsichore [la muse de la danse dans la mythologie grecque] pour empêcher le public d’y entrer, s’est trouvé en présence du propriétaire lui-même qui se tenait sur le seuil de la porte. Il avait des allures tellement menaçantes et paraissait si bien déterminé à ne pas laisser pénétrer les représentants de l’autorité dans son immeuble, que nos policiers ont dû tout simplement se borner à maintenir l’ordre et à chasser la foule qui empêchait la circulation.

Le bal a eu lieu ensuite comme si de rien n’eut été, en dépit de la défense de l’autorité religieuse.

Rappelez-vous que ce Bouffard avait mené campagne deux ans auparavant avec le curé Tourangeau de la paroisse voisine, Saint-Sauveur, contre la tenue de noces après le mariage d’un jeune couple dans une salle de danse louée à cette fin. Les jeunes mariés ne se présentèrent pas, mais la population y noça quand même.

La photographie de Joseph-Herménégilde Bouffard (1855-1934) est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Collection Félix Barrière, Épreuves noir et blanc, cote : P748, S1, P120.