Retrouvons-nous en République d’Islande
Voici un extrait d’un numéro spécial scandinave de Lettres Nouvelles, «Écrivains du Danemark, des Îles Féroé, d’Islande, de Norvège» (Paris, déc. 1973-janv. 1974). Il s’agit d’un poème du poète et écrivain islandais Hannes Pétursson, une traduction de Régis Boyer.
Une jeune fille
Tu ne traverseras plus la lande
Pour venir me voir
Bien que tu habites toujours
Au même endroit, mon ami.
Mais tu ne viens pas,
Tu m’as oubliée.
Il y a de la glace sur le lac
Et le matin,
Je contemple souvent la vapeur des sources chaudes
Qui monte de la berge enneigée.
Des poneys sauvages au crin givré
Cheminent pesamment au clair de lune
Par des pistes gelées qui d’habitude chantaient
Sous les sabots de tes poneys inspirés
Quand ils couraient, transpirant,
Tout droit à la barrière du champ
Après un long voyage.
Il y a de la glace sur le lac,
Mais tu ne le traverses plus.
J’ai souvent pressenti
Que tu étais une sombre demeure froide
Où mon amour faisait
Un clair de lune bleu
Sur les vitres givrées,
Et mes caresses
Saisissaient comme le cinglement des vents
Sur une porte murée de neige.
Jamais
Tu ne fais boire tes poneys, jamais plus,
Dans les sources des marécages froids de la lande
En t’en venant vers ma maison;
Mais calmement,
Comme un brûlant regret caché,
Comme un désir plus profond que tu n’imagines,
Tu es mon hôte silencieux.
Pendant maintes longues années
Le vent soufflera par les routes des montagnes
Faisant tourbillonner le sable parmi les ossements oubliés,
Et la rosée mouillera les pis des vaches dans leurs pâturages d’été.
Souvent j’irai me laver dans les sources chaudes,
Souvent j’irai aux fermes voisines
Dans les claires soirées silencieuses,
Souvent j’irai aux fermes voisines
Et tu seras la douceur
De mes baisers.
La photographie d’Hannes Pétursson provient de ce site-ci. On trouvera ici une page Wikipédia en langue anglaise de ce poète islandais.
Nous reviendrons à ce numéro spécial de Lettres Nouvelles, un document de plus de 300 pages. Pour habiter souvent les mêmes conditions climatiques que nous, les Scandinaves sont des «sœurs» et des «frères». Mon ami Gaston Miron me le disait.
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