Skip to content

«Déclaration»

ombre bavardeJ’ai vu sous les baisers de la brise automnale

Se couler lentement votre corps gracieux

Vos yeux semblaient ravis, et sur votre front pâle,

Flottaient épais vos longs cheveux.

 

 

Pourtant, si j’osais dire «Enfant vous êtes belle,

Vos lèvres sont de pourpre et votre nom charmant»

Tandis que vos yeux noirs s’ouvriraient doucement

Que répondriez-vous, mademoiselle ?

 

J’ai vu sur les parois des sombres cathédrales

Un pleur soudain ternir l’éclat de vos beaux yeux

À l’aspect de la faim, et de vos mains charitables

Faire l’aumône aux malheureux

Pourtant si j’osais dire «Enfant vous êtes bonne

Je réclame à vos pieds de votre charité

Un baiser de votre âme, un regard de bonté.»

Que répondriez-vous, ô ma sainte madone ?

 

Je voudrais qu’en naissant, la divine nature

Prenant pitié de moi, m’eût placé près de vous,

Car la vie est plus belle, et la brise plus pure

Quand on peut vivre à vos genoux.

Hélas ! mon ciel est noir, ma douleur est extrême

Il ne me reste plus que cet espoir bien doux

Mais téméraire espoir. «Que répondriez-vous

Si j’osais vous le dire : Enfant que je vous aime».

 

L. A. Blanchet

Saint-Hyacinthe

 

La Patrie, 22 octobre 1903.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    Que c’est tout beau… ! Il a écrit d’autres perles du genre, monsieur Blanchet ?(nulle trace via google…)

    31 octobre 2014
  2. Jean Provencher #

    Je l’ignore tout à fait, chère Esther. C’est tout à fait le genre de beaux textes qu’on trouve dans ces vieux journaux d’hier, et dont les auteurs, souvent, ne sont pas passés à l’histoire.

    31 octobre 2014

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS