«Déclaration»
J’ai vu sous les baisers de la brise automnale
Se couler lentement votre corps gracieux
Vos yeux semblaient ravis, et sur votre front pâle,
Flottaient épais vos longs cheveux.
Pourtant, si j’osais dire «Enfant vous êtes belle,
Vos lèvres sont de pourpre et votre nom charmant»
Tandis que vos yeux noirs s’ouvriraient doucement
Que répondriez-vous, mademoiselle ?
J’ai vu sur les parois des sombres cathédrales
Un pleur soudain ternir l’éclat de vos beaux yeux
À l’aspect de la faim, et de vos mains charitables
Faire l’aumône aux malheureux
Pourtant si j’osais dire «Enfant vous êtes bonne
Je réclame à vos pieds de votre charité
Un baiser de votre âme, un regard de bonté.»
Que répondriez-vous, ô ma sainte madone ?
Je voudrais qu’en naissant, la divine nature
Prenant pitié de moi, m’eût placé près de vous,
Car la vie est plus belle, et la brise plus pure
Quand on peut vivre à vos genoux.
Hélas ! mon ciel est noir, ma douleur est extrême
Il ne me reste plus que cet espoir bien doux
Mais téméraire espoir. «Que répondriez-vous
Si j’osais vous le dire : Enfant que je vous aime».
L. A. Blanchet
Saint-Hyacinthe
La Patrie, 22 octobre 1903.
Que c’est tout beau… ! Il a écrit d’autres perles du genre, monsieur Blanchet ?(nulle trace via google…)
Je l’ignore tout à fait, chère Esther. C’est tout à fait le genre de beaux textes qu’on trouve dans ces vieux journaux d’hier, et dont les auteurs, souvent, ne sont pas passés à l’histoire.