Nouvelle du fond des océans
La voûte céleste, bien sûr, fascine. Mais les nouvelles au sujet des profondeurs abyssales n’abondent pas dans la presse québécoise d’il y a plus de cent ans. Tout de même, en voici une extraite du bihebdomadaire Le Sorelois du 20 octobre 1882, sous le titre «Les poissons qui ont des lanternes».
Les dernières explorations sous-marines, faites par l’aviso Le Travailleur, ont mis en évidence un fait des plus curieux, et auquel aucun des savants qui ont cherché à deviner ce que peut-être la vie dans ces régions sombres n’avait songé.
Ces abîmes ne sont pas seulement peuplés par des foraminifères et des infusoires, comme on le supposait; on y trouve encore de nombreuses espèces de poissons analogues à ceux qui peuplent la surface, mais possédant des particularités anatomiques curieuses et des organes nouveaux.
Ces organes sont des plaques transparentes recouvertes par la peau et remplies d’un liquide susceptible de devenir lumineux sous l’influence de l’ancéphale.
Il en résulte que ces vertébrés qui habitent ces régions où le soleil ne pénètre jamais, et où règnent, par conséquent, des ténèbres éternelles, possèdent des espèces de lanternes sourdes qu’ils peuvent allumer à volonté.
Il faut ajouter une particularité que l’on connaissait depuis longtemps, c’est que la plupart des zoophytes qui tapissent le fond des océans sont naturellement phosphorescents.
Photographie prise chez mon ami Paul Latendresse, propriétaire de l’Animalerie Boutique tropicale, avenue Cartier, à Québec.