Souvenir, souvenir. Qui n’a pas fait de «scrap-book» ?
Chose certaine, selon La Tribune (Saint-Hyacinthe) du 31 octobre 1890, le «scrap-book» semble en vogue à la fin du 19e siècle.
Un grand nombre d’écrivains et même des personnes qui n’écrivent point pour la presse ont l’habitude de garder ce que les Anglais appellent un Scrap Book.
Un Scrap Book est un grand livre blanc, c’est-à-dire non imprimé, sur les pages duquel on colle tous les articles qu’on découpe des journaux pour les transmettre de père en fils, ou pour pouvoir y référer plus facilement au besoin.
Les Américains semblent attacher beaucoup plus d’importance au Scrap Book que nos compatriotes de la Puissance du Canada. Presque tous les sexes possèdent chacun un Scrap Book de luxe ou du genre ordinaire.
Il y a de ces livres qui coûtent jusqu’à $500, mais pour des collégiens ou des littérateurs, qui ont besoin souvent de recueils, un vieux livre de loi peut faire tout aussi bien. À mesure que le livre s’emplit, ce qui le rend naturellement plus épais, on enlève ça et là quelques feuilles; le Scrap Book conserve ainsi la forme que lui a donnée le relieur.
Irving J. Romer, un écrivain de marque aux États-Unis, conseille aux jeunes écrivains, qui débutent dans les journaux ou revues mensuelles et hebdomadaires, de conserver, par ordre de date dans une forme permanente et commode, toutes les productions qu’ils auront fait publier.
Romer ajoute que le jeune écrivain qui aura ainsi collationné ses articles de revue ou de journal ne regrettera jamais le temps qu’il y a mis. De fait, sans compter que ces livres sont une source précieuse d’informations, ils peuvent devenir, au moment où on s’y attend le moins, d’une très grande utilité.
Tous ceux qui prétendent au journalisme sont souvent exposés à exhiber des échantillons de leurs capacités littéraires : un volume du genre Scrap causera, comme le fait remarquer M. Romer, une impression plus favorable qu’une énorme liasse de journaux, et donnera, sans trop de recherches, une assez bonne idée des principes de l’équilibre et du style du jeune aspirant.
Même pour ceux qui n’ont pas de prétentions littéraires, un Scrap Book est presque aussi utile que les livres de Comptabilité et de Raison.
L’illustration provient de la page Wikipédia en langue anglaise consacrée au «scrapbooking».
